Le toit du Centre Bell tombe sur la tête de Martin St-Louis.
Ouch. Il y a des soirs où une équipe donne raison à ses détracteurs. Il y a des soirs où une simple séquence suffit à démolir un homme.
Et il y a des soirs, comme celui-ci, où un but, un seul, expose toute la fragilité d’un système que Martin St-Louis s’entête à défendre comme une obsession malsaine.
Le but d’Artem Zub, ce soir, n’a pas été un accident. Ce n’est pas un rebond malchanceux. Ce n’est pas un manque d’effort:
C’est le produit du fameux man-to-man que Patrice Bergeron et Maxim Lapierre ont démoli publiquement dans les derniers jours.
Ils avaient raison sur toute la ligne.
Regardons la séquence objectivement.
Jake Evans se retrouve devant son propre filet, coincé dans un duel qu’il ne devrait jamais avoir à prendre.
Cole Caufield, lui aussi, devient malgré lui un défenseur improvisé, complètement seul dans l’enclave.
Les deux attaquants se croisent, hésitent, se regardent, ne savent plus s’ils doivent suivre leur homme ou protéger l’espace.
Pendant ce temps, Artem Zub compte littéralement jusqu’à 76 millions avant d’être couvert, tant le Canadien semble désorienté par la structure qu’on leur impose.
Vous trouvez la joke du 76 milions mauvaise? Elle vient du journaliste de TVA Sports, Anthony Martineau, qui a tout simplement détruit Martin St-Louis.
C’est une scène de confusion totale, un échantillon parfait du chaos que Lapierre dénonçait : des joueurs brûlés, pris un-contre-un dans des situations impossibles, abandonnés sans filet de sécurité, à la merci du moindre revirement de position ou du moindre changement d’angle d’un porteur de rondelle.
Ce soir, le man-to-man n’a pas été exposé. Il s’est effondré, comme si Martin St-Louis essayait de monter une tente à l’envers dans une tempête.
Quand Maxim Lapierre avait envoyé Martin St-Louis sous l'autobus à TVA Sports, certains avaient trouvé sa charge excessive. Trop intense. Trop émotionnelle.
Mais ce soir, on a revu exactement les séquences qu’il décrivait :
5 joueurs mêlés comme des jeux de cartes, des duels perdus laissant des boulevards ouverts, un gardien laissé à lui-même, des attaquants forcés de jouer défenseur, des rotations impossibles à compléter, un système qui ne pardonne aucune erreur individuelle.
Lapierre ne critiquait pas la philosophie en soi.
Il critiquait l’exécution irréaliste que St-Louis exige de son groupe : une rigueur parfaite, des lectures parfaites, une vitesse parfaite… dans une ligue où même les Panthers, le modèle de Martin St-Louis, permutent, et s'ajustent constamment pour éviter d’encaisser exactement ce type de but.
Le Canadien, lui, ne permute pas et ne s'adapte pas.
Il applique un man-to-man rigide, naïf, qui expose ses joueurs à des situations pour lesquelles ils ne sont tout simplement pas équipés, mentalement comme physiquement.
Puis Bergeron a enfoncé le clou, ce qui est deveni l'accusation ultime du meilleur attaquant défensif de l’histoire
On pouvait dire :
« Ok, Lapierre parle avec ses émotions. »
Mais quand Patrice Bergeron, ’homme le plus respecté de l’histoire moderne pour la lecture défensive, débarque à La Poche Bleue et décortique le système de St-Louis de manière cinglante… là, on n’est plus dans la critique.
On est dans la condamnation.
Bergeron a dit, calmement :
« Moi, selon moi, un man-to-man à 100 %, ça ne peut pas nécessairement toujours fonctionner. »
Il a expliqué précisément ce qui s’est produit sur le but de Zub... comme s'il avait prédit l'avenir...
« Dans ta zone défensive, si tu es sur le défenseur à la ligne bleue, tu le couvres… mais il y a des gars qui se font battre en arrière. Maintenant, il faut utiliser ton jugement et dire : “OK, il faut que j’aille l’aider.” Tu ne peux pas toujours… »
@lapochebleue « Si t'es contre Connor McDavid en man-to-man en zone défensive, à un moment donné tu te sens pas gros dans tes shorts si tu le sais qu'il y a personne qui va te supporter si jamais il te casse une cheville en faisant un p'tit move. » 😂🏒 #patricebergeron #bostonbruins #hockey #nhl ♬ son original - lapochebleue
Ce soir, personne n’a aidé personne. Parce que le système interdit l’instinct.
Il oblige à suivre l’homme, même quand suivre l’homme mène directement à l’erreur. Même quand la rondelle change de côté. Même quand ton coéquipier se fait battre. Même quand deux attaquants deviennent les défenseurs improvisés devant ton filet.
Puis l’exemple implacable de Bergeron :
« Si tu es contre Connor McDavid en man-to-man… tu ne te sens pas gros dans tes shorts. Tu sais qu’il n’y a personne qui va te supporter derrière toi si jamais il te casse une cheville avec un petit move. »
Ce soir, Zub n’était même pas McDavid.
Et pourtant, il a cassé la cheville de Montembeault... alors que Caufield, Evans, Bolduc et compagnie étaient ncapables de savoir qui couvrir, où se placer, quand switcher.
Les propos de Bergeron résonnent d’autant plus fort que St-Louis, lui, refuse d’admettre la moindre faille.
Ce soir, la preuve par l’absurde que St-Louis défend un rêve, pas un système
Le Canadien ne joue pas un système. Il tente de suivre l'obsession de Martin St-Louis.
Ce système n’est pas fait pour cette équipe.
Mais Martin St-Louis s’accroche... par ego... et par orgueil...
Ce soir, Montréal s’est fait brûler. Encore.
Et le pire, c’est que le but d’Artem Zub n’a pas seulement exposé la faiblesse du système : il a ouvert grand les valves.
Ottawa a senti l’odeur du sang, et en l’espace de quelques minutes, deux autres buts sont tombés comme des dominos, plongeant le Canadien au fond du trou.
Et que fait Martin St-Louis dans ce moment-là, au cœur de la tempête, quand un vrai coach de la LNH utilise son time-out pour calmer ses troupes, pour ramener ses leaders, pour casser le momentum adverse, pour changer son gardien afin de réveiller tout le monde? Rien.
Samuel Montembeault se transformait encore une fois en passoire officielle de la division Atlantique, mais a été protégé par "papa Marty".
Le pauvre Sam est resté figé, spectateur de son propre naufrage, comme si son seul plan était d’espérer que le vent tourne par magie.
Quand une équipe coule, un entraîneur doit lever l’ancre; St-Louis, lui, a simplement regardé l’eau monter. Et c’est ça, le vrai problème : son système s’effondre, mais sa gestion de crise s'écroule encore plus vite.
Et maintenant?
St-Louis va répéter son refrain :
« On grandit. On apprend. On progresse. »
Non Martin... tu n'apprends pas. Tu ne grandis pas. Et tu coules ton équipe... parce que tu regardes ton petit nombril...
