Momentum brisé : Martin St-Louis sacrifie Jakub Dobeš sans cohérence

Momentum brisé : Martin St-Louis sacrifie Jakub Dobeš sans cohérence

Par André Soueidan le 2025-12-20

Même quand le Canadien gagne, certaines décisions laissent un drôle de goût.

Pas parce que le résultat est mauvais, mais parce que le message envoyé l’est.

Jeudi soir, Jakub Dobeš vient de battre Chicago.

Calme, solide, efficace.

Rien de spectaculaire, mais exactement ce qu’on demande à un gardien qui tente de s’installer : garder l’équipe dans le match et sortir avec la victoire.

Du momentum. De la confiance. Une lecture simple : tu viens de gagner, tu mérites de rejouer. Surtout au Centre Bell.

Et pourtant, quelques heures plus tard, la décision tombe : Jacob Fowler sera devant le filet samedi contre Pittsburgh.

Pas dimanche à Pittsburgh. Samedi, sous les projecteurs. Au Centre Bell. Encore.

C’est là que ça accroche.

Parce que ce n’est pas une question de talent.

Fowler en a. Beaucoup. Personne ne remet ça en doute.

Le problème, c’est la logique.

Le timing. La gestion humaine.

Pourquoi briser l’élan d’un gardien qui vient de livrer la marchandise?

Pourquoi exposer encore Fowler dans l’environnement le plus exigeant possible, alors qu’un scénario beaucoup plus naturel existait?

Dimanche à Pittsburgh, Fowler aurait retrouvé un terrain familier.

C’est là qu’il a gagné son premier match dans la LNH. Comme Patrick Roy. Comme Carey Price. Comme Ken Dryden.

Une symbolique forte, mais surtout un contexte moins chargé.

Pendant ce temps-là, Dobeš aurait pu garder le filet samedi, à la maison, devant une foule acquise, dans une situation qu’il venait de maîtriser.

Au lieu de ça, on inverse tout.

Le résultat? Un gardien récompensé… qui ne rejoue pas.

Un autre qui a vécu une bourde coûteuse à son dernier départ… remis immédiatement sous les projecteurs.

Et un vestiaire qui reçoit un message flou sur la valeur du momentum et de la performance immédiate.

Quand Martin St-Louis est questionné sur son choix, la réponse arrive vite. Courte. Tranchée.

Fowler joue ce soir. Pas de justification réelle. Pas de réflexion partagée. Comme si la discussion n’existait pas.

C’est précisément là que le malaise s’installe.

Parce que le débat n’est pas de savoir si Fowler va gagner ou perdre.

Ce n’est même pas ça qui importe.

Le vrai problème, c’est la cohérence du processus.

La logique derrière la décision. Le respect du travail accompli par un joueur qui vient de livrer une victoire.

Jakub Dobeš ne dira rien.

Il va manger son trou.

C’est ce qu’on attend de lui.

Pas de révolte. Pas de colère.

Juste une incompréhension silencieuse.

Celle d’un joueur qui se demande ce qu’il doit faire de plus pour avoir droit à une continuité.

Et c’est là que le message devient dangereux.

Parce que si gagner ne garantit rien, si le momentum n’a aucune valeur, si la récompense n’existe pas, alors tout devient arbitraire.

Et dans une ligue où la confiance d’un gardien est fragile, surtout à Montréal, ce genre de signal peut faire plus de dégâts qu’un mauvais but.

On peut espérer une victoire samedi. On peut espérer que Fowler brille. Mais peu importe le résultat, la question restera entière : pourquoi avoir pris ce pari-là, maintenant, et surtout au détriment de Dobeš?

Parfois, gérer un groupe, ce n’est pas seulement choisir le meilleur talent sur papier.

C’est aussi reconnaître ce que les joueurs viennent de te donner.

Et cette fois-ci, le Canadien a peut-être oublié cette partie-là.

Ouch...