Offre hostile Montréal-Anaheim: Jeff Gorton avoue tout

Offre hostile Montréal-Anaheim: Jeff Gorton avoue tout

Par David Garel le 2025-05-06

Jeff Gorton a lancé une véritable bombe lors de son point de presse hier : pour la première fois depuis qu’il a pris les rênes du Canadien, il a ouvert la porte à une offre hostile.

Et dans les coulisses de la LNH, tous les regards se tournent vers un seul nom : Mason McTavish.

La déclaration de Gorton n’était pas anodine. Interrogé sur la montée du plafond salarial, le vice-président exécutif du Canadien a souligné que cette hausse ouvrait des avenues « qu’on n’aurait jamais pu considérer avant ». Il a précisé que le marché des joueurs autonomes avec compensation allait devenir « beaucoup plus intéressant ».

En langage de DG, cela veut dire une chose : préparez-vous à voir le CH sortir les crocs.

Et si Kent Hughes veut donner une nouvelle dimension à son équipe sans sacrifier des éléments précieux de son noyau, l’offre hostile est l’option la plus percutante, la plus risquée… et la plus efficace.

Pourquoi Mason McTavish ?

Parce qu’il incarne exactement ce qui manque au CH. Un gros centre de puissance. Un joueur intense. Un buteur, mais aussi un gars capable de jouer physique, de déranger, d’imposer le rythme. À 21 ans, McTavish est encore loin de son plein potentiel, mais il a déjà montré qu’il pouvait dominer.

Avec Nick Suzuki comme centre numéro un, l’arrivée d’un McTavish viendrait donner une profondeur inégalée au centre. Soudainement, le Canadien passerait d’une équipe fragile à un club structuré autour d’un axe redoutable.

Le problème ? Anaheim ne veut pas s’en départir. Mais tout le monde sait qu’un bon DG ne demande pas la permission.

Kent Hughes pourrait structurer une offre jusqu'à 9,16 M$ par année. Cela lui permettrait de sacrifier seulement un choix de première, de deuxième et de troisième ronde. Le CH a tous ces choix. Il peut le faire.

Mais ce que peu de gens réalisent, c’est que Kent Hughes pourrait aller encore plus loin. Avec deux choix de première ronde à sa disposition en 2025 – les 16e et 17e sélections –, il se retrouve dans une position rarissime pour attaquer le marché des offres hostiles par le sommet.

Selon les règles de la convention collective de la LNH, une offre située entre 9,16 M$ et 11,45 M$ par saison exige que l’équipe cède deux choix de première ronde, un choix de deuxième ronde et un choix de troisième ronde.

Ce genre d’opération est habituellement inaccessible pour la majorité des équipes, mais Montréal est l’une des rares formations à pouvoir absorber un tel coût. Pour être admissible, une équipe doit posséder ses propres choix, ce qui signifie que Hughes ne pourrait pas utiliser le choix des Flames obtenu dans une transaction, mais bien ses propres sélections 2025 et 2026.

En théorie, cela signifie qu’il pourrait déposer une offre hostile à 11,4 millions de dollars par saison sur sept ans à Mason McTavish, forçant Anaheim à égaler ou à le perdre sans rien obtenir en retour direct.

Imaginez la pression sur les Ducks si cette offre se matérialise. On ne parle pas d'une équipe riche qui peut dépenser son argent comme Geoff Molson. Dans un contexte où la hausse du plafond crée un espace budgétaire inédit, Hughes a tout ce qu’il faut pour frapper un grand coup. Ce n’est plus une hypothèse. C’est une menace sérieuse.

Et Anaheim ? Si les Ducks égalisent, elle se met dans l’embarras financièrement. Si elle refuse, le Canadien vole un joyau sans sacrifier son noyau.

C’est exactement ce qu’a fait Doug Armstrong l’an dernier avec les Oilers. Et depuis, la perception des offres hostiles a changé. Ce n’est plus un acte de guerre. C’est une arme stratégique.

Les autres options ?

Bien sûr, McTavish n’est pas le seul nom sur le tableau. Plusieurs jeunes joueurs RFA sont dans la mire : Marco Rossi, Will Cuylle, JJ Peterka et si le CH vise des défenseurs, Noah Dobson, K’Andre Miller ou Bowen Byram.

Mais aucun n’a le profil aussi rare de McTavish. Un centre de 6 pieds 1, 215 livres, capable de jouer sur les deux premiers trios, d’être un joueur d’impact. C’est exactement ce que Martin St-Louis réclame depuis deux ans.

Et ce que Jeff Gorton a laissé entendre, c’est que l’équipe n’hésiterait pas à faire preuve de créativité pour combler ce besoin crucial.

Le plafond salarial va grimper. Les vétérans disponibles sur le marché sont peu attrayants. Faire une transaction ? Cela coûterait probablement Michael Hage ou l’un des deux choix de première ronde du CH (16e et 17e).

En allant chercher McTavish par offre hostile, le CH conserve Hage, garde ses jeunes, et ne sacrifie aucun pilier.

C’est risqué ? Bien sûr. C’est audacieux ? Absolument.

Mais c’est aussi la seule façon de faire un saut qualitatif majeur cet été.

Marc Bergevin a ouvert la voie en 2019 avec Sebastian Aho. Don Waddell a répliqué avec Kotkaniemi. Doug Armstrong a fait exploser la barrière psychologique avec Holloway et Broberg.

Aujourd’hui, c’est Kent Hughes qui est en position de force. Il connaît les rouages du système. Il a les outils. Il a la structure salariale. Il a l’appui de Gorton. Il a l’approbation de Geoff Molson.

Et il a un incitatif de plus : les attentes des partisans.

Après avoir goûté aux séries, le CH ne peut pas reculer. Les partisans veulent du concret. Du solide. Pas un autre espoir de 18 ans qu’on va attendre cinq ans.

McTavish, c’est la réponse. Et Jeff Gorton vient d’ouvrir la porte.

Maintenant, il reste à voir si Kent Hughes osera l’enfoncer.

Dans les coulisses de la LNH, plusieurs observateurs murmurent que Hughes est un « bon Jack », respecté pour sa diplomatie et son approche humaine, tandis que Jeff Gorton, lui, est perçu comme un véritable requin.

Hughes, fidèle à son éthique d’ancien agent de joueurs, a longtemps hésité à franchir la ligne rouge des offres hostiles, craignant de se mettre à dos ses homologues.

Mais Gorton, lui, n’a aucune gêne. Il l’a laissé entendre clairement lors de sa conférence de presse : si une offre hostile peut améliorer le Canadien, il n’hésitera pas une seconde.

Ce n’est plus une possibilité. C’est une certitude. Une offre hostile se prépare à Montréal. Et le reste de la LNH ferait bien de s’y préparer.

Surtout les Ducks...