À Brossard, plus les jours passent, plus le silence devient assourdissant.
Patrik Laine ne s’est toujours pas entraîné, ne voyage pas avec l’équipe pour le périple de quatre matchs dans l’Ouest, et personne, ni Martin St-Louis, ni Kent Hughes, ne semble en mesure de dire quand, ou même si, il reviendra au jeu.
Officiellement, il s’agit d’une blessure « au bas du corps ». Officieusement, tout indique que le genou gauche de Laine, celui qu’il a refusé de faire opérer l’an dernier, n’a jamais guéri correctement.
Une erreur médicale qui coûte cher. C’est là que le dossier devient explosif.
Laine, on le sait, avait subi une entorse sérieuse du genou gauche lors du calendrier préparatoire de 2024. Le diagnostic initial prévoyait une opération et une absence de cinq à six mois.
Mais le Finlandais, désespéré de prouver sa valeur dans un marché aussi exigeant que Montréal, avait refusé d’aller sous le bistouri. Contre l’avis de plusieurs médecins, il avait opté pour la réhabilitation accélérée.
Résultat : il est revenu au jeu un mois avant la date prévue… et n’a plus jamais retrouvé sa pleine mobilité.
Ce qui, à l’époque, semblait être une victoire de volonté est aujourd’hui perçu comme une grave erreur médicale. Car depuis, Laine traîne cette articulation fragile comme une bombe à retardement. Son patinage a ralenti, sa puissance de tir s’est affaiblie, et ses arrêts brusques trahissent une douleur constante.
Et maintenant, alors que le Canadien se bat pour stabiliser son début de saison, son absence imprévue relance toutes les spéculations : et si c’était la fin de sa carrière?
Tout a basculé après le match contre Nashville.
Ce soir-là, Laine avait joué un peu plus de 12 minutes, un temps d’utilisation déjà minimal pour un joueur de son calibre. Pas de contact violent, pas de séquence suspecte.
Et pourtant, dès le lendemain, il quittait la glace, incapable de s’entraîner.
Depuis, plus rien.
Pas d’entraînement, pas de patin libre, pas de séance en gymnase observée par les journalistes. Rien, sinon l’annonce qu’il allait consulter un deuxième médecin pour obtenir un « avis indépendant ».
Une démarche qui, dans le jargon du hockey, signifie généralement une chose : le joueur et l’équipe ne s’entendent plus sur la gravité du problème.
Le malaise n’est pas seulement médical. Il est aussi organisationnel.
Car Kent Hughes voulait l’opération l'automne dernier. C’était la recommandation conjointe de la direction et du personnel médical pour stabiliser le genou gauche de Laine après l’entorse de 2024.
Le Finlandais a toutefois demandé une deuxième opinion et a choisi de refuser le bistouri afin d’accélérer son retour. Depuis, on vit avec les conséquences : gestion de minutes, rechutes, séances manquées et un flou constant autour de son état.
Aujourd’hui, encore la même histoire: nouvelle consultation externe, absence prolongée et scénario LTIR qui revient sur la table. Ce décalage entre la voie médicale privilégiée par le club et la décision personnelle du joueur explique le malaise actuel.
Au final, Hughes cherchait la solution durable; Laine a pris le pari court terme.
Quand Laine réplique publiquement que « c’était sa décision, son genou », la fracture devient évidente.
On parle ici d’un joueur vedette payé 8,7 millions de dollars par saison, qui a choisi de court-circuiter les recommandations de son propre club pour accélérer un retour.
Une situation ingérable pour n’importe quel directeur général. On peut comprendre Hughes d'avoir perdu patience.
Mais le destin fait bien les choses., Aujourd'hui, le DG du CH se retrouve béni par l'erreur de son joueur.
S’il place Laine sur la liste des blessés à long terme (LTIR), il libère enfin son contrat puant, même s'il signe aussi l’aveu que le pari Laine est un échec complet.
Un scénario à la fois pratique et tragique, car en se débarrassant de son contrat par la voie médicale, le Canadien ferme définitivement le chapitre sur un joueur qu’il avait rêvé de relancer.
Depuis quatre ans, la carrière de Patrik Laine est une lente dégringolade.
À 18 ans, à Winnipeg, il incarnait l’avenir de la LNH : un tir foudroyant, une présence charismatique, une assurance glaciale. Aujourd’hui, à 27 ans, il n’a plus rien de tout ça.
Depuis la saison 2019-2020, il n’a jamais disputé plus de 56 matchs.
Ses genoux, ses ischios, son dos… tout semble le trahir.
Et même lorsqu’il joue, son langage corporel raconte la même histoire : un joueur qui lutte pour exister, qui compense la douleur par la résignation.
Cette dernière rechute semble être le point de non-retour.
Car les rumeurs autour de son genou ne concernent plus une simple entorse. On parle désormais de lésions structurelles, d’un cartilage usé, d’une rotule instable. Le genre de blessure qui, sans opération, ne guérit jamais vraiment.
Et dans un sport où la vitesse est reine, ça équivaut à une condamnation.
Ses coéquipiers ne le disent pas ouvertement, mais tout le monde le sent.
Laine est en train de décrocher.
Il a été vu quittant le complexe d’entraînement cette semaine avec une démarche lourde, presque boitillante.
Certains joueurs racontent qu’il aurait confié à un proche : « Je ne veux pas revivre ça encore. »
Une phrase qui glace le sang, car elle sonne comme l’aveu d’un joueur qui envisage déjà de tout arrêter.
Et quand un joueur commence à douter de son propre corps, il n’y a plus grand-chose à faire.
La médecine du sport moderne peut réparer des ligaments, mais pas la confiance perdue.
Ce qui rend la situation encore plus tragique, c’est la perception publique autour de Laine.
Parce qu’il est introverti, détaché, et peu démonstratif, on l’a souvent catalogué comme « nonchalant ».
Mais ceux qui le côtoient au quotidien savent qu’il souffre, physiquement et mentalement.
Laine a traîné l’étiquette du « tireur paresseux » depuis Winnipeg, où on l’avait déjà brisé à coups de fuites médiatiques. À Montréal, il a tenté de se reconstruire, de sourire à nouveau.
Mais aujourd’hui, tout s’effondre.
Et cette fois, il n’y aura peut-être pas de retour possible.
Pendant que Laine soigne son genou, le Canadien continue d’avancer.
Zachary Bolduc prend du galon, Ivan Demidov s’installe, et Martin St-Louis a déjà tourné la page dans ses combinaisons.
Le message est clair comme de l'eau de roche : le CH ne peut pas se permettre de vivre au rythme des rechutes de Patrik Laine.
Le temps du pari romantique est terminé.
Et si Kent Hughes décide finalement de le placer sur la LTIR, il le fera sans remords parce qu’il n’a plus le choix.
En coulisses, certains croient même que le dossier Laine pourrait être géré comme celui de Carey Price : un retrait prolongé, sans annonce officielle de retraite, pour permettre à tout le monde de sauver la face.
Mais dans les faits, c’est fini.
Son corps a parlé, et personne ne peut le contredire.
Peut-être qu’un miracle médical lui permettra de revenir pour quelques matchs. Peut-être qu’il retrouvera assez de mobilité pour tirer encore, pour marquer un dernier but au Centre Bell.
Mais la vérité, c’est que Patrik Laine n’est plus le joueur qu’il était.
Son genou n’a jamais cicatrisé. Son mental est fragilisé. Et la patience du Canadien s’effrite.
Ce qui devait être un renouveau est devenu une lente agonie.
La décision de ne pas se faire opérer restera comme le tournant fatal de sa carrière.
Une erreur de jugement, dictée par la peur de perdre sa place, qui risque maintenant de lui coûter sa place pour de bon.
Plus personne ne va le signer l'été prochain. La retraite s'en vient comme un train. Ainsi va la vie cruelle d'une vedette déchue...