Le hockey au Québec, c’est une religion, une passion, mais c’est aussi un tribunal sans pitié. Et en ce moment, la dernière victime de cette machine infernale s’appelle Jakub Dobeš.
On parle pourtant d’une recrue, d’un jeune de 22 ans, d’un gardien bourré de talent qui a offert un début de carrière digne d’un conte de fées.
Mais aujourd’hui, après une mauvaise séquence de quatre matchs, on dirait que tout le monde se retourne contre lui. Même TVA Sports commence à le critiquer. Sérieusement?
Dimanche après-midi, Dobeš n’a pas connu un grand match. Il a semblé nerveux, mal à l’aise, et Martin St-Louis a dû le retirer après seulement une vingtaine de minutes.
Le jeune gardien, qui n’a jamais demandé à être placé dans une telle tempête, retenait pratiquement ses larmes sur le banc.
Et pourtant, le problème dimanche n’était pas Dobeš. Il a été abandonné par son équipe, livré à lui-même devant un adversaire trop fort. Mais voilà, au Québec, il faut toujours un coupable.
Hier encore, tout le monde voulait qu’il soit le gardien numéro un du CH. Et aujourd’hui? Il est comparé à Cayden Primeau. Une comparaison qui, disons-le, n’a rien de flatteur compte tenu du parcours difficile de Primeau à Montréal.
Tony Marinaro l’a dit franchement sur les ondes de TVA Sports à l'émission de Jean-Charles Lajoie :
« Je vais être honnête avec Dobeš, il montre des signes de nervosité depuis quatre matchs. Ce n’est pas le gardien qu’on a connu avant ça. »
Une déclaration qui, au fond, n’a rien de faux. Mais qui oublie un point fondamental : c’est un jeune gardien, qui dispute ses premiers matchs dans la LNH, et qui a droit à des hauts et des bas.
Et puis, Jean-Charles Lajoie en a rajouté en affirmant que « Dobeš ressemble à Primeau, alors que Primeau à Laval ressemble à Dobeš. » Comme si le Tchèque était déjà destiné à un aller simple vers la Ligue américaine.
Où est cette patience qu’on accorde aux autres?
C’est là qu’on se demande : pourquoi un traitement aussi brutal? Pourquoi cette incapacité à accorder un peu de temps à un gardien qui a prouvé en début de saison qu’il pouvait être dominant?
Parce que si Dobeš avait été un jeune gardien québécois, est-ce qu’on lui tomberait autant dessus?
Prenons l’exemple de Samuel Montembeault. Combien de fois a-t-il connu de mauvaises séquences sans que les médias et les fans réclament son renvoi à Laval?
Oui, il est critiqué, oui, il est sous pression. Mais jamais on n’a parlé de lui comme d’un gardien déjà sur le point de perdre sa place après quelques mauvais matchs.
Et si Dobeš était un espoir américain ou canadien-anglais? On parlerait probablement d’un jeune qui doit apprendre, qui doit s’adapter au rythme de la LNH. Mais non. Parce que c’est Montréal, il n’a pas droit à cette patience.
Une gestion qui pose question
Si on veut vraiment pointer du doigt un problème, ce n’est pas Dobeš qui devrait être dans le viseur, mais plutôt la gestion des gardiens par Martin St-Louis et son équipe.
Marinaro l’a bien dit :
« Comment ça se fait que Montembeault a joué contre New Jersey et que Dobeš a joué contre Tampa? Quelqu’un peut m’expliquer ça? »
C’est une excellente question. Pourquoi avoir exposé Dobeš à une équipe rapide et ultra-offensive comme le Lightning alors que Montembeault aurait pu prendre ce match?
Dobeš venait tout juste d’affronter les Devils quelques jours plus tôt et avait été impressionnant. Pourquoi ne pas lui donner ce match à nouveau et permettre à Montembeault d’affronter Tampa Bay?
Les mauvaises décisions ne viennent pas du jeune Tchèque, mais de la manière dont on l’a placé dans des situations difficiles.
On le sait, le Québec aime ses héros… mais il aime encore plus les démolir. On a vu ça avec José Théodore, avec Patrick Roy avant son échange, avec Cristobal Huet, avec Carey Price après sa saison recrue.
Dobeš est peut-être en train de vivre sa première tempête médiatique, et il doit déjà comprendre ce que signifie être un gardien à Montréal.
Hier, il était l’élu.
Aujourd’hui, il est un problème.
Et demain? Il faudra voir si la patience existe encore au Québec pour un jeune gardien qui n’a pas mérité qu’on lui tombe dessus de cette façon.
Parce que si TVA Sports et d’autres commencent à remettre en question son avenir après quatre mauvais matchs, on peut se demander : est-ce que Montréal est encore capable d’élever un jeune gardien sans le briser?
Jakub Dobeš vit en ce moment une des réalités les plus brutales du hockey à Montréal : être porté aux nues un jour, et être enfoncé au fond du troui le lendemain.
Il n’y a pas si longtemps, il était le prodige, celui qui devait pousser Samuel Montembeault vers la sortie et s’imposer comme le gardien du futur du CH. Mais après quatre matchs difficiles, le ton a changé.
Et ce qui est encore plus injuste, c’est qu’on ne lui accorde pas la patience qu’on accorde à d’autres jeunes gardiens ailleurs dans la LNH. Il a 22 ans, il a montré un talent brut impressionnant, il n’a aucune expérience dans un marché aussi fou que Montréal… et pourtant, on l’évalue déjà comme s’il était un vétéran qui n’a plus droit à l’erreur.
Si Dobeš était à Anaheim ou San Jose, il aurait du temps pour apprendre, pour grandir, pour s’améliorer sans être scruté à la loupe après chaque mauvaise sortie. Mais à Montréal, tu n’as pas le droit à un mauvais mois.
C’est ce qui fait de cette ville le plus bel endroit pour être un joueur de hockey… et en même temps, le pire.
Ici, tu peux devenir une légende du jour au lendemain. Mais ici, tu peux aussi être détruit en un clin d'œil.
Jakub Dobeš ne méritait pas qu’on lui tombe dessus aussi rapidement. Mais à Montréal, être un héros, c’est temporaire.
Et si tu ne trouves pas le moyen de survivre à cette pression, tu deviens un zéro en un claquement de doigts.