Pierre-Karl Péladeau ne pourra plus jamais se plaindre des 720 millions de dollars qu'il a déboursés pour les droits exclusifs de la LNH en français, incluant les matchs du Canadien le samedi soir et les séries éliminatoires, lors de la méga transaction de 5,2 milliards avec Rogers.
En comparaison, les droits de la NBA coûtent près de 7 milliards de dollars... pour une seule année.
La NBA a récemment verrouillé ses accords de droits médiatiques avec ESPN, NBCUniversal et Amazon, totalisant 76 milliards de dollars sur 11 ans.
Les conseils d'administration de ces trois réseaux de télévision ont soit déjà approuvé, soit vont approuver leurs accords respectifs avec la ligue d'ici lundi. Ensuite, le conseil des gouverneurs de la NBA votera pour approuver l'accord global lors de sa réunion mardi à Las Vegas.
Selon les accords proposés, plusieurs sources indiquent qu'Amazon Prime Video diffusera des matchs le jeudi soir après la conclusion de la saison régulière de Thursday Night Football et alternera les finales de conférence chaque année avec NBC.
La NBA va signer ses contrats avec Disney, Amazon et NBC, avec des perspectives d'une "journée de paie record" grâce au nouvel accord de plus de 7 milliards de dollars....pour une année...
Les accords avec les trois réseaux ont été finalisés depuis des semaines.
Le forfait A d'ESPN, d'une valeur d'environ 2,6 milliards de dollars par an, comprend les finales de la NBA chaque année, les droits numériques internationaux, les finales de conférence de la NBA, les matchs des premiers tours des séries éliminatoires et les diffusions de la WNBA.
Le forfait B de NBC, d'une valeur de 2,5 milliards de dollars, comprend une programmation de Sunday Night Basketball après la saison de la NFL, des matchs hebdomadaires le mardi soir avant la fin de la saison de la NFL, des finales de conférence alternées et des matchs des premiers tours des séries éliminatoires.
Selon des sources, la WNBA est également en jeu pour NBC.
Le forfait C d'Amazon, d'une valeur de 1,8 milliard de dollars, comprend les finales de conférence alternées, une diffusion hebdomadaire le vendredi ou le samedi soir, les matchs du jeudi soir après la saison de la NFL, le tournoi Emirates In-Season et la WNBA.
Péladeau peut maintenant voir que les investissements dans les droits sportifs ne cessent d'augmenter, et que sa décision d'acquérir les droits exclusifs de la LNH, bien que coûteuse, était un pari nécessaire pour tenter de survivre dans paysage médiatique sportif.
Malheureusement pour lui, TVA Sports croule sous les dettes. Péladeau peut donc oublier de vouloir renouveler son entente avec la LNH. Ça coûtera encore plus cher et TVA Sports est déjà au fond du trou financier.
Péladeau doit se gratter la tête. Comparé aux nouveaux accords de la NBA, son investissement semble risible, mais on parle quand même de 720 millions de dollars jetés aux poubelles, sans oubliet les 300 millions de pertes depuis sa création.
Impossible qu'il puisse garder les droits de la LNH. Et tant mieux pour lui. Le jour où TVA Sports fermera en 2026 à la fin du contrat de diffusion, Péladeau sera soulagé.
Dans tous les cas, il aura fini par perdre plus d'un milliard de dollars dans cette aventure...
La vie est parfois étrange. L'ancien président de RDS, Gerry Frappier, était en colère dans son bureau du boulevard René-Lévesque à Montréal.
Le nouveau contrat de diffusion canadien de la LNH venait d'entrer en vigueur (se terminant à la fin de la saison 2025-2026), et la chaîne sportive de Bell paraissait avoir subi une défaite majeure face à Québecor et à TVA Sports.
Pour casser le monopole de RDS sur le hockey professionnel, Péladeau a fait l'erreur de sa vie après avoir accepté de payer plus de 700 millions (720) de dollars sur 12 ans pour obtenir les droits nationaux francophones de la LNH.
Et le pire dans tout ça, c'est que Québecor n'a obtenu qu'environ vingt matchs de saison régulière du Canadien (principalement ceux du samedi) ainsi que les matchs des séries éliminatoires. (alors que l'équipe est rentré en reconstruction).
Cette manœuvre de Québecor a aussi obligé Bell à investir massivement pour conserver une partie des droits de diffusion locaux des matchs du Canadien.
Bell a dû débourser environ 800 millions de dollars (toujours sur 12 ans) pour avoir le droit de diffuser les soixante matchs restants.
Cela a été un coup dur pour RDS, car auparavant, la chaîne de Bell diffusait tous les matchs du Canadien pour un coût bien inférieur.
C'est dans ce climat difficile qu'en octobre 2014, Gerry Frappier est devenu une sorte de prophète de la télévision spécialisée.
Lors d'une entrevue avec la Presse, Frappier avait révélé qu'il aurait pu égaler l'offre de Québecor pour conserver le monopole de RDS, mais avait choisi de ne pas le faire. Il expliquait que cet accord aurait détruit la rentabilité de RDS et aurait fait couler la chaîne.
Frappier est un vrai génie. Il s'inquiétait également du phénomène de la "cord-cutting" (débranchement du câble), qui réduisait déjà les marges bénéficiaires des réseaux câblés américains et commençait à avoir un impact au Canada.
« Il ne faut pas une grande perte d'abonnements pour faire basculer la rentabilité. Pour chaque dollar que nous gagnons, environ 70 cents proviennent des abonnements et 30 cents de la publicité », expliquait-il.
Pour toutes ces raisons, M. Frappier ne comprenait pas comment Québecor pourrait rentabiliser ce contrat de diffusion nationale francophone avec la LNH.
Les résultats financiers de TVA Sports lui ont donné raison à cent pour cent. On se demande comment se sentent Péladeau et Frappier quand ils voient que la NBA vient d'empocher plus de 7 milliards de dollars...pour une seule année de diffusion.
Le marché a changé. La NBA a visé les nouvelles plate-formes numériques. Les dinosaures comme TVA Sports et RDS voient leur destin passer par une adaptation extrême...ou leur complète disparition...