Quand la peur protège plus que la loi : les frères Xhekaj imposent leur vérité

Quand la peur protège plus que la loi : les frères Xhekaj imposent leur vérité

Par André Soueidan le 2025-10-01

On peut bien écrire tous les règlements qu’on veut, inventer des nouvelles punitions, multiplier les suspensions, distribuer des amendes ridicules de 2148 dollars et 44 cents… au bout du compte, la Ligue nationale de hockey n’a jamais trouvé de meilleur système de justice que celui qui se joue à coups de poings.

Le match d’hier soir entre les Canadiens de Montréal et les Sénateurs d’Ottawa au Centre Vidéotron l’a encore démontré avec une brutalité qui a figé tout le monde dans son siège.

Les règlements de Gary Bettman ne protègent personne. Ce qui protège vraiment, c’est la peur. Et quand la peur quitte la glace, les coups salauds s’abattent de partout.

La séquence était limpide. Ottawa cherchait le trouble toute la soirée.

Mais tant que les frères Xhekaj étaient en uniforme, il y avait une limite invisible, une peur sourde qui retenait les coups les plus vicieux.

Dès qu’Arber et Florian ont été expulsés, cette barrière a sauté.

Et là, les Sénateurs ont sorti leur vrai visage : coups de hache, mises en échec sournoises, provocations minables.

Sans le shérif sur la glace, le chaos a pris toute la place.

Sans ses shérifs pour tenir la ligne, le Canadien a vu Ottawa sortir son vrai visage.

Ivan Demidov, la pépite de 18 ans, est devenu la cible.

Nick Cousins a pris deux enjambées pour tenter de le décapiter en fond de zone.

Raté sur le premier contact, il a choisi la vengeance : un coup de hache vicieux directement sur le poignet du Russe, comme si le but était de briser sa carrière avant même qu’elle commence.

Et qu’a fait la LNH? Une amende de quelques milliers de dollars. Une blague. Une gifle.

Pendant ce temps, Demidov quittait le match, blessé et humilié par une ligue qui prétend protéger ses vedettes, mais qui préfère punir les bagarres plutôt que les tentatives de mutilation.

Lane Hutson a aussi été pris pour cible.

Dylan Cozens s’en est donné à cœur joie, frappant le petit défenseur de 21 ans comme si le règlement ne s’appliquait plus.

Hutson, qui mesure à peine 5’10, a dû se défendre seul, à coup de doubles échec, dans une séquence grotesque où la LNH a laissé un génie du hockey se transformer en "goon" par nécessité.

C’est ça, la nouvelle justice de Bettman : pousser les joueurs de talent à se battre parce que les vrais protecteurs sont dans le vestiaire.

Et que dire de Kirby Dach? Le grand centre du Canadien, encore marqué par ses blessures passées, s’est retrouvé étendu sur la glace après une séquence ignoble signée Sebrango.

Un geste qui rappelait trop dangereusement celui qui lui avait coûté une saison entière.

Dach n’a pas la langue dans sa poche, on le sait.

Peut-être qu’il a lancé une réplique cinglante.

Mais la réponse n’a pas été une mise en échec légale ou une confrontation honnête. Non.

C’était une attaque vicieuse, une frustration mal digérée qui a failli renvoyer un autre pilier du Canadien sur la liste des blessés.

Pendant ce temps, Jan Jenik, le clown de service, jouait les durs. Résultat? Deux combats perdus, dont un véritable KO servi par Jayden Struble.

Les genoux qui plient, les jambes qui s’écartent, le regard vide. Une humiliation en direct qui a montré à quel point les Sens se trompent de combat.

Parce que les frères Xhekaj, eux, avaient déjà dicté le ton.

Arber a dominé son duel, Florian aussi.

Ottawa s’est fait malmener, ridiculiser, intimider.

Et plutôt que d’assumer, ils ont choisi la voie la plus lâche : jouer les agresseurs quand les policiers ne sont plus dans l’aréna.

La séquence qui a tout déclenché reste celle de Jake Evans.

On le jette par-dessus la rampe comme une vulgaire poupée de chiffon, on rit, on provoque, et c’est là que la poudrière explose.

Arber Xhekaj, fidèle à sa réputation, traverse la glace à toute vitesse, saute dans la mêlée et s’impose.

Est-ce que sa charge était trop intense? Probablement.

Mais c’est aussi ça qui fait sa force : un joueur qui ne calcule pas, qui protège ses coéquipiers à tout prix, qui fait régner l’ordre par la peur.

C’est là que toute la logique de la LNH s’effondre.

On veut bannir les bagarres, on veut civiliser le jeu, mais ce qu’on obtient, c’est pire que tout.

Parce qu’un coup de poing, ça fait mal, oui, mais ça finit dans le vestiaire, avec deux gars qui se respectent.

Un coup de bâton sur le poignet, par contre, ça peut ruiner une carrière.

Et c’est exactement ce qu’Ottawa a tenté de faire à Demidov.

Voilà la vérité que les frères Xhekaj imposent : la peur, quand elle est bien utilisée, protège plus efficacement que tous les règlements de Bettman.

Hier soir, les Sénateurs ont profité de l’absence des Xhekaj pour se défouler.

Mais imaginons deux secondes que le Shérif soit resté sur la glace.

Pensez-vous vraiment que Cousins aurait osé lever son bâton?

Pensez-vous que Sebrango aurait frappé Dach au sol?

Pensez-vous que Cozens se serait amusé à cogner Hutson?

Non. Parce qu’ils savent ce que ça veut dire.

Quand Arber est là, quand Florian est là, il y a un prix à payer.

Et ce prix, c’est un face-à-face avec deux gars qui n’ont peur de rien et qui vivent pour ces moments-là.

Ce match restera comme une preuve flagrante que la Ligue est en train de tuer son propre produit.

Les partisans n’achètent pas des billets pour voir Demidov sortir blessé sur un coup salaud.

Ils paient pour voir des duels intenses, des confrontations honnêtes, et surtout, pour sentir que leurs jeunes talents sont protégés.

Hier soir, personne ne protégeait Hutson, Dach ou Demidov. Personne sauf l’intimidation invisible des frères Xhekaj. Et dès qu’ils sont sortis, la vérité est apparue au grand jour : sans peur, il n’y a pas de loi.

Arber doit maintenant apprendre à doser.

À comprendre qu’il peut dicter le scénario d’un match sans forcément se faire expulser.

L’intimidation est une arme, mais elle doit être utilisée avec intelligence.

Hier, en fin de troisième période, c’est exactement de lui qu’on aurait eu besoin pour éviter que Demidov ou Hutson se fassent blesser.

C’est son défi : ne pas être victime de sa propre intensité, mais l’utiliser comme levier.

Florian, de son côté, suit la trace de son frère. Brutal, sans peur, mais encore impulsif.

Les deux doivent évoluer, mais leur rôle est déjà clair : ils sont la loi, même quand la Ligue fait semblant d’en avoir une.

Et Ottawa le sait. Ils ont eu peur.

Peur de Stützle, leur vedette de porcelaine, qui n’a même pas osé affronter la musique.

Peur de voir leurs stars se faire démolir au Centre Bell.

Alors oui, Bettman peut continuer de rêver à une Ligue sans bagarres.

Mais hier soir, les images ont parlé d’elles-mêmes. Quand la peur disparaît, la lâcheté prend toute la place.

Et si le Canadien veut protéger ses Demidov, ses Hutson, ses Dach, il devra toujours compter sur cette vérité brutale que les frères Xhekaj incarnent mieux que quiconque : parfois, un poing bien placé protège davantage qu’un livre de règlements.

Et c’est ça qui fait trembler toute la LNH.

AMEN