Pensées pour Samuel Montembeault et sa famille: un cri du coeur de sa mère

Pensées pour Samuel Montembeault et sa famille: un cri du coeur de sa mère

Par David Garel le 2025-10-19

C’est la dure réalité du marché montréalais : on t’adore quand tu sauves l’équipe, mais on te dévore vivant dès que tu faiblis.

Et depuis une semaine, Samuel Montembeault est en train de le vivre à pleine gueule. Le gardien québécois, héros discret de la saison dernière, est aujourd’hui la cible d’une colère collective qui dépasse le simple jugement sportif.

C’est devenu un phénomène médiatique, un procès public où le verdict semble déjà rendu : il n’est plus le gardien numéro un du Canadien.

Tout avait pourtant bien commencé. La saison dernière, Montembeault avait porté le CH à bout de bras, multipliant les arrêts spectaculaires et donnant à son équipe une crédibilité qu’elle n’avait plus eue depuis Carey Price.

Sans lui, Montréal n’aurait probablement jamais approché les séries. Il avait volé des matchs à lui seul, parfois contre des équipes nettement supérieures. Il était le visage de la résilience, le symbole d’un Québec fier de voir un des siens s’imposer dans la plus exigeante des ligues.

Mais la lune de miel est terminée. Le gardien solide et confiant d’hier est devenu hésitant et vulnérable. En quatre départs cette saison, il affiche deux victoires, treize buts accordés et un taux d’efficacité honteux de .857, bon pour le 33e rang sur 36 gardiens ayant disputé au moins trois matchs.

Pire encore : selon les chiffres avancés, il fait partie des pires au chapitre des arrêts au-dessus des attentes, avec une note de -4,4.

Autrement dit, il accorde des buts qu’un gardien moyen arrêterait. Et dans un marché comme Montréal, ces statistiques deviennent des armes.

La défaite contre les Rangers a été la goutte de trop. Montembeault s’est effondré en troisième période, encore une fois. Il a lui-même reconnu sa faute après le match, en assumant publiquement :

« C’est sur moi. Je dois être meilleur. Les gars ont bien joué et c’est à moi d’arrêter ces rondelles. »

Une phrase qui sonne noble, mais qui résonne comme une répétition. À force de se blâmer, il donne surtout l’impression d’un homme qui s’enfonce.

Et depuis cette soirée-là, le Québec s’est retourné contre lui.

Sur les réseaux sociaux, c’est devenu une chasse à l’homme. Les commentaires pleuvent sous chaque publication du Canadien.

« Flop », « imposteur », « gardien de Ligue américaine » : les insultes sont violentes, personnelles, cruelles. Il y a dans ce déferlement quelque chose de malsain, une jubilation à voir tomber celui qu’on avait élevé. Même des partisans modérés, jusque-là indulgents, commencent à admettre que le vent a tourné.

Et c’est là qu’un homme, un journaliste d’expérience, Mitch Gallo, est intervenu pour calmer le jeu. L’animateur de TSN 690, connu pour sa franchise et sa modération, a publié un message lucide sur la situation :

« Il y a tellement de belles choses dans le fait de jouer à Montréal. Mais ce qu’on a vu hier avec le discours autour de Montembeault, c’est le mauvais côté de ce marché.

Pourquoi faut-il toujours qu’on ait besoin de désigner une seule personne à blâmer, dans un sport d’équipe ? Pourquoi faut-il qu’un joueur soit toujours chassé de la ville ? Montembeault n’a pas connu un bon match, c’est vrai. Mais respirez un peu. »

Ses propos diffusés par plusieurs comptes sportifs, ont fait réagir. Parce qu’ils disent tout : la cruauté de ce marché, le manque de nuance, la mémoire courte. On passe de héros à bouc émissaire en l’espace d’une semaine. Et Montembeault, lui, n’a plus la carapace pour encaisser tout ça.

Être Québécois à Montréal, c’est un privilège, mais aussi un fardeau. Chaque performance est amplifiée, chaque erreur devient une affaire nationale. On ne juge pas seulement le joueur, mais le symbole. Et dans le cas de Montembeault, ce poids-là devient écrasant.

D’autant plus qu’il est pris entre deux feux : le club et Équipe Canada. Oui, Montembeault rêve encore de participer aux Jeux olympiques. Il sait que sa place est fragile, mais possible. Il y pense, il le dit, il s’y prépare.

Et ce rêve olympique semble désormais lui jouer dans la tête. Depuis le début de la saison, on le sent crispé, prudent, comme s’il jouait pour impressionner plutôt que pour dominer. Ce n’est plus le même gardien. Il ne joue plus pour gagner : il joue pour ne pas décevoir.

Pendant ce temps, Jakub Dobeš continue de grimper dans l’estime du personnel d’entraîneurs. Calme, constant, technique, le Tchèque impressionne par sa maturité. Il a été exceptionnel à Nashville, puis solide à l’entraînement toute la semaine.

Et il n’a jamais rien réclamé. Il attend son tour, patiemment, sans controverse. Mais tout le monde dans l’organisation sait que le jour où il obtiendra le filet, il ne le rendra plus.

C’est ce qui met Montembeault dans une position intenable. Chaque erreur, chaque mauvais rebond devient une ouverture pour Dobeš. Chaque match moyen alimente la conversation :

« Et si c’était enfin le moment ? »

Et le vestiaire, lui, commence à y croire. Dobeš inspire confiance. Montembeault, lui, inspire le doute. Et dans le sport professionnel, cette perception devient vite réalité.

Tout le monde le sait : Kent Hughes écoute. Le DG du Canadien a déjà laissé fuiter qu’il étudiait des offres pour Montembeault.

Pas parce qu’il ne l’aime pas. Mais parce qu’il sait que la logique du développement l’oblige à avancer. Fowler pousse fort à Laval. Dobeš est déjà NHL-ready. Et Montembeault, à 28 ans, entre dans la zone où sa valeur est maximale.

Le garder trop longtemps, c’est risquer de ne rien obtenir en retour. Et à Montréal, on a déjà vu ce film.

Pendant ce temps, les Oilers d’Edmonton cherchent encore désespérément un gardien. Stuart Skinner et Calvin Pickard s’écroulent match après match, et les appels entre Edmonton et Montréal sont bien réels.

Pour les Oilers, Montembeault représente un pari abordable. Pour le Canadien, un dossier à régler avant qu’il ne devienne un problème de vestiaire. La question n’est plus « si », mais « quand ».

Ce qui arrive à Montembeault est une leçon sur la fragilité de la reconnaissance à Montréal. Ce marché adore ses héros… jusqu’à ce qu’ils trébuchent. Ensuite, il les dévore. Et l’histoire se répète, encore et encore.

Aujourd’hui, c’est Montembeault. Hier, c’était Drouin. Ce n’est jamais personnel. C’est le poids du mythe. Ce besoin collectif de trouver un coupable, d’exorciser les frustrations par un visage. Et cette fois, c’est celui du gardien de Bécancour qui en paie le prix.

Sam doit prouver qu'il peut être ce gardien qui se lève quand tout s’écroule. Parce qu’en ce moment, le Québec a cessé d’y croire.

Et quand le Québec cesse d’y croire, c’est la fin d’une histoire.

Bien sûr. Voici trois paragraphes que tu peux insérer dans ton texte, basés sur les propos de Manon Royer et la détresse de la famille Montembeault :

Il suffit de réécouter l’entrevue déchirante de Manon Royer au micro du 98,5 FM pour comprendre que ce que vit Samuel Montembeault dépasse largement le cadre du sport.

Ce n’est plus seulement une question de statistiques ou de performances. C’est une affaire de dignité, d’humanité.

« Ça m’arrive que je vais voir les profils de ceux qui écrivent des critiques et j’aurais tellement envie de leur demander ce qu’ils penseraient si je disais la même chose de leur enfant. » avait-elle confié, la voix nouée, en parlant des critiques incessantes à l’endroit de son fils.

« Mon chum regarde souvent les commentaires, mais, comme Sam, j’essaye de me tenir loin de ça le plus possible. »

Depuis qu’il est devenu numéro un à Montréal, Samuel est devenu la cible facile d’un public impatient et d’experts toujours pêts à encenser le plus jeune et à crucifier celui qui flanche. Même quand il gagne. Même quand il tient l’équipe à bout de bras.

 Elle voit les insultes, les moqueries, les commentaires anonymes sur les réseaux sociaux. Son conjoint, lui, les lit tous. Elle essaie de les éviter, mais parfois, elle craque.

« Cette année, c’est pire », avait-elle avoué. Pire que jamais. Plus violent. Plus injuste. Et elle sait que Samuel, même s’il garde tout pour lui, encaisse chaque mot comme une lame invisible.

Le pire, c’est qu’il ne se plaint jamais. « Il est fait fort », dit-elle. Mais dans les coulisses, ceux qui l’aiment, eux, saignent. 

Nos pensées sont avec elle et la famille de Sam. Autant on ne le veut plus comme gardien numéro un du CH, autant d'entendre sa mère avoir le coeur brisé nous rend tristes.

Après tout, ce n'est que du hockey,,,