Sueurs froides au Centre Bell: la peur pour Kirby Dach, la trahison pour Joshua Roy

Sueurs froides au Centre Bell: la peur pour Kirby Dach, la trahison pour Joshua Roy

Par David Garel le 2025-09-25

Le Centre Bell... a peur...

Le match contre les Maple Leafs de Toronto sera une soirée de vérité : peur pour Dach, mépris pour Roy, miracle pour Rohrer?

Les partisans du Canadien auront droit à un match préparatoire qui en dit long. Pas sur les Maple Leafs, qui ont envoyé une escouade B à Montréal, mais bien sur les intentions profondes de Martin St-Louis et de Kent Hughes.

Un message brutal, glacial, sans pitié a été envoyé aux jeunes du club. Et il est impossible de ne pas le lire entre les lignes.

Le top-6 est gelé. Cadenassé. Fermé à double tour.

Suzuki, Caufield, Slafkovsky.

Laine, Dach, Demidov.

C’est terminé. Les dés sont jetés. Il n’y a plus de compétition pour une place dans le top-6 du Canadien. Ce soir, c’est les deux premiers trios d’octobre, celui que Kent Hughes et Martin St-Louis ont en tête depuis des mois.

Et cela vient avec son lot de conséquences. La première? Une onde de choc pour Joshua Roy.

Encore une fois, il se retrouve en bas de la hiérarchie, dans un rôle qui ne peut que le faire mal paraître : ailier d’un trio de fond de formation, avec Vinzenz Rohrer et Filip Mesar comme compagnons de lutte. Deux bons jeunes, certes, mais pas les plus spectaculaires. Et certainement pas les plus compatibles avec le style de Roy.

Attaquants

Caufield-Suzuki-Slafkovsky

Laine-Dach-Demidov

Roy-Rohrer-Mesar

Tuch-Xhekaj-Davidson

Défenseurs

Matheson-Dobson

Guhle-Reinbacher

O'Rourke-Clurman

Gardiens

Montembeault

Fowler

Pourquoi Roy n’a-t-il pas été placé avec Newhook et Bolduc pour le match de samedi comme ce fut le cas mardi contre les Flyers?

Pourquoi ne pas lui offrir une dernière audition offensive? 

Parce que la décision est prise.

Roy n’est plus dans les plans immédiats du CH. Il est relégué au fond du line-up, pour être comparé à Rohrer, qui se bat pour la dernère place disponible… et éventuellement coupé.

C’est non seulement injuste, c’est dévastateur sur le plan psychologique. Car tout dans ce match crie l’évidence : Roy a perdu la bataille. Et pourtant, le Québécois n’a pas connu un mauvais début de camp. Il a été sérieux, impliqué, il a même redoublé d’efforts cet été. Mais il a choké mardi soir avec Bolduc et Newhook.

Mais tout cela a été effacé d’un revers de la main par les décisions de Martin St-Louis. Le message est violent : 

« On ne croit pas en toi. »

Et pendant que Roy se fait tasser, c’est Kirby Dach qui attire les regards.

Son retour au jeu après une année perdue est excitant… et terrifiant à la fois. Car tout le monde, dans les gradins comme dans les loges corporatives, se pose la même question :

Et s’il n’était plus le même?

Kirby Dach est un pari. Un joueur au talent immense, mais au corps déjà amoché. Son genou a été reconstruit. Il n’a pas joué depuis presque un an. Et ce soir, on va le balancer dans la fosse aux lions, aux côtés de Demidov et Laine, face à des joueurs des Leafs qui, eux, se battent pour leur survie.

Le scénario est digne d’un thriller : une passe mal ajustée, une mise en échec sournoise, une chute dans la bande… et tout peut recommencer.

Le CH a misé gros sur Dach. Trop gros? Peut-être. Car si Kirby est fragile, c’est toute la structure offensive qui s’effondre. Il est censé stabiliser le deuxième trio, créer de l’espace pour Demidov, et compenser les errements défensifs de Laine.

Ce soir, il doit prouver qu’il peut jouer à pleine vitesse, avec contact, dans un rôle de premier plan. Et tout le monde retient son souffle.

Pendant que Roy décline dans les plans de l’équipe et que Dach tente de rassurer tout le monde, un autre nom s’impose à l’improviste : Vinzenz Rohrer.

L’Autrichien n’était sur le radar de personne au début du camp. Repêché 75e en 2022, projet à long terme, petit gabarit, inconnu du public. Et pourtant, il est en train de tout chambouler.

« Il joue avec beaucoup de détermination… Pour un jeune, il a vraiment le sens du détail. » a affirmé Martin St-Louis.

Oui, St-Louis est tombé sous le charme. Et ce n’est pas pour rien.

Rohrer complique la vie de Roy, Beck, Kapanen, Florian Xhekaj et Veleno. Il joue comme un Gallagher jeune : intense, hargneux, rapide, intelligent. Il coupe les lignes de passe, prend des mises en jeu, frappe malgré son petit gabarit. Il joue pour gagner.

Et surtout : il ne peut pas aller à Laval. Comme Oliver Kapanen l’an dernier, c’est Montréal ou l’Europe (Zurich). Et dans ce contexte, le CH préfère lui donner une vraie audition.

C’est là que la blessure psychologique de Joshua Roy devient encore plus cruelle : il perd peut-être sa place au profit d’un joueur qui n’a même pas le droit d’aller dans la Ligue américaine. On lui demande de prouver qu’il est meilleur que quelqu’un que l’organisation doit tester… pour ne pas le perdre.

Ce n’est plus une bataille équitable. C’est une exécution planifiée.

En défense, tout est cohérent. Matheson avec Dobson, Guhle avec Reinbacher. Une audition sérieuse pour l’Autrichien, une association nouvelle mais prometteuse pour l'avenir, même si tout le monde sait que Reinbacher va passer l'année à Laval tellement il n'est pas prêt.

Devant le filet? Samuel Montembeault et Jacob Fowler se partageront le match. Un autre message : Fowler devient de plus en plus sérieux dans la hiérarchie. Pendant que Montembeault voit des rumeurs de transaction le suivre comme une ombre d'ici 2026-2027, Fowler gagne du terrain. Chaque arrêt compte.

On voit également que la hiérarchie défensive commence à se stabiliser, et que les gardiens sont évalués dans une optique post-Montembeault.

Le grand drame de ce match, c’est qu’il révèle des décisions déjà prises.

Roy est mis de côté.

Dach est lancé dans la tempête.

Rohrer est favorisé.

Laine est protégé et dorloté pour qu'il ne fasse pas la baboune.

Chaque décision crée des effets en cascade. Et pendant que les partisans sont excités à l’idée de voir le top-6 coulé dans le béton, une génération de jeunes est en train d’être refroidie.

Joshua Roy, Owen Beck, Oliver Kapanen, Joe Veleno : tous doivent composer avec un message qui dit:

« Vous êtes là pour combler les trous… pas pour créer le futur. »

Samuel Blais, lui, a le poste de 13e attaquant assuré pour réchauffer les estrades.

Ce qui rend cette situation plus absurde encore? Joshua Roy a tout fait ce qu’on lui a demandé.

Il a changé son mode de vie, quitté l’influence de la vie nocturne, arrêté les sorties, suivi un régime, coupé l’alcool, pesé sa nourriture. Il s’est entraîné comme un forcené, et son colocataire l’a confirmé.

Mais ce camp était truqué.

Ce camp avait déjà ses gagnants. Et Roy n’en faisait pas partie.

Ce soir, Kirby Dach marchera sur une corde raide. Chaque présence sera une épreuve. Les spectateurs seront émus, inquiets, fébriles.

Ce soir, Vinzenz Rohrer tentera de voler un poste à la faveur de la situation contractuelle. Et il se peut fort bien qu’il y parvienne.

Et ce soir, Joshua Roy réalisera que ses efforts ne comptent pas toujours.

L’organisation peut parler de mérite, de compétition, de place à gagner. La vérité, c’est que le tableau est déjà peint.

Et il n’y avait pas de place pour lui.

La peur pour Dach est réelle.

Le mépris pour Roy est évident.

Et la montée de Rohrer, aussi méritée soit-elle, ne fait que souligner l’absurdité du système.

Ce soir, au Centre Bell, le vrai match se joue dans les coulisses. Et peu importe le pointage final, les grandes décisions ont déjà été prises.

Joshua Roy, lui, en paie le prix. Et ça, ça fait mal.