Un jour ou l’autre, Kent Hughes va devoir arrêter de faire semblant. Arrêter de patcher le trou du deuxième centre avec des bouts de duct tape pis des rêves brisés.
Parce qu’à un moment donné, Ivan Demidov va lever les yeux et demander : c’est qui qui me fait la passe?
Pis c’est là que le nom de Matty Beniers débarque dans la conversation.
C’est pas une rumeur de fond de taverne. C’est un vrai dossier, un vrai casse-tête, pis surtout… une vraie possibilité.
Le Kraken, c’est pas juste une bibitte de légende. C’est une équipe qui a trop de centres. Beaucoup trop. Un buffet à volonté de pivots. Assez pour en perdre un sans même s’en rendre compte.
Matty Beniers. Shane Wright. Chandler Stephenson. Jared McCann. Frédérick Gaudreau. Berkly Catton. Pierre-Édouard Bellemare. Le line-up au centre est plus long que l’attente à la SAAQ.
Pis t’as des jeunes comme Wright et Catton qui cognent à la porte avec la force d’un bail payé en retard. Tu peux pas les ignorer.
Stephenson a été signé pour jouer tout de suite. McCann est un caméléon.
Et là, t’as Beniers, le supposé golden boy. 2e choix au total. Trophée Calder dans les poches. Tout allait bien. Jusqu’à ce que ça commence à puer l’anxiété.
En 2022-2023, il flirte avec l’élite : 57 points, 80 matchs, un sourire d’enfant pis des promesses plein les poches.
L’année suivante? 37 points. Pis là, 2024-2025? 43 points. En 82 matchs. Autrement dit : c’est pas l’apocalypse, mais c’est pas non plus le Messie.
Pis ce qui gosse encore plus, c’est qu’il a signé son contrat juste avant de ralentir. Le 20 août 2024, Beniers se met 7,14 M$ par année dans les poches. Jusqu’en 2031.
Pis là… il décide de dormir au gaz. Timing douteux. Performance molle. Le genre de gars qui commande un steak saignant pis t’arrive avec une lasagne tiède.
Mais attention. Ce gars-là, il a encore du feu dans les jambes. À Michigan, il torchait tout le monde : 43 points en 37 matchs. C’était pas un joueur, c’était une menace publique.
Fait que peut-être que ce gars-là, il est juste mal utilisé. Peut-être que le système de Seattle, c’est pas son truc.
Peut-être qu’il a juste besoin d’un peu de Montréal dans les veines.
Pis Montréal, on va se le dire, c’est pas parfait, mais c’est l’endroit idéal pour les joueurs qui veulent se réinventer.
On a refait Kirby Dach.
On a ressuscité Mike Matheson. On est pas des magiciens, mais on est bons avec les causes perdues.
Et Matty Beniers, il est pas une cause perdue. Il est juste une pièce de trop dans un casse-tête trop cher.
Seattle a trop de centres. C’est pas une opinion. C’est une statistique. Ils ont sept gars pour trois chaises. Le jeu des chaises musicales va mal finir pour quelqu’un.
Pis ce quelqu’un-là, ça pourrait être Beniers. Pas parce qu’il est nul. Mais parce qu’il coûte cher. Pis parce qu’il a encore de la valeur.
Un trade pour lui, c’est pas une vente de garage. C’est une transaction sérieuse. Et Kent Hughes, il les aime, ces deals-là. Les joueurs jeunes, talentueux, frustrés… mais pas cassés.
Pis là, faut se poser la vraie question : est-ce que Matty Beniers est la solution pour le CH?
Ben… c’est pas Shane Wright. C’est pas un projet de 3 ans.
Beniers peut jouer maintenant. Il est bon dans les deux sens.
Il peut suivre le rythme de Slafkovsky pis Demidov. Il est pas paresseux. Il est juste pris dans un système qui le rend beige.
Pis surtout, il est encore libre comme l’air côté clause. Pas de no-move. Pas de power trip. Kent Hughes peut le pogner, pis le garrocher sur la 2e ligne sans devoir demander la permission à sa grand-mère.
C’est le genre de gars qui pourrait exploser si tu le mets dans un environnement où l’attaque est libérée.
Genre… Montréal. Avec Demidov, Hutson, Slaf. Des gars qui pensent vite. Qui patinent vite. Qui jouent vite.
Et là, t’as un Beniers qui retrouve son mojo. Qui recommence à ressembler au stud de Michigan.
Pis soudainement, t’as ta colonne vertébrale : Suzuki, Beniers, Beck. Ça commence à avoir du sens.
Mais faut pas se tromper : pour l’avoir, faut payer. Seattle va pas l’envoyer pour un 3e choix pis un chandail de Gallagher.
Pis t’sais quoi? C’est le bon moment. Parce que si le CH veut gagner pendant que Demidov est jeune pis fou, faut lui donner un centre. Pas un projet. Un vrai gars.
Mais au final, faut l’avouer : c’est un gamble.
Beniers, c’est peut-être un coup de circuit. C’est peut-être aussi une fausse balle dans les estrades. On sait pas.
Et c’est ça le problème. On a trop souvent joué avec des peut-être. Avec des si. Avec des on verra bien. On a trop souvent accueilli des joueurs en ruines, en espérant qu’ils retrouvent la forme à Montréal.
Le Centre Bell est pas supposé être un centre de réhabilitation, ni physique, ni mental. C’est supposé être une arène pour gagner.
On veut plus de projets. On veut plus d’essais-erreurs. On veut des résultats.
Ça suffit. On a assez attendu. On a assez attendu. On a assez attendu à Montréal.
Amen.