Transaction Montréal-Nashville: le rêve de Steven Stamkos

Transaction Montréal-Nashville: le rêve de Steven Stamkos

Par Marc-André Dubois le 2025-08-14

Quand Jonathan Marchessault et Steven Stamkos ont décidé de s’exiler à Nashville à l’été 2024, nombreux sont ceux qui ont salué le coup de maître des Predators.

Deux champions. Deux vétérans assoiffés de victoires. Deux leaders capables de propulser une équipe dans le prochain cycle de sa réussite.

Mais un an plus tard, ce qui devait être une renaissance ressemble davantage à un enterrement de première classe. Et au cœur de ce désastre, un nom revient encore et toujours : le Canadien de Montréal.

Tout avait pourtant bien commencé. À peine arrivé, Marchessault tenait un discours serein et ambitieux.

« Ce sera différent parce qu’il y a moins d’attentes : quand il y a moins d’attentes, tu peux surprendre », disait-il aux médias québécois, sourire en coin, lors du Pro-Am Sun Life à Québec.

De son côté, Steven Stamkos, fraîchement débarqué après une carrière complète à Tampa Bay, parlait de « renouveau », de « défi stimulant », et du plaisir de ne plus avoir à traîner le poids d’un C dans un vestiaire saturé d’histoire.

Mais dès les premières semaines de la saison, la lune de miel a tourné court. Les Predators ont affiché un rendement irrégulier, souffert d’un manque de chimie criant et terminé la saison avec une maigre récolte de 68 points, bons pour l’avant-dernier rang de la division Centrale. Pas de séries, pas de progression, pas de cohérence.

Steven Stamkos a vite compris qu’on ne débarque pas dans un vestiaire comme celui de Nashville, mené par des joueurs comme Filip Forsberg, Roman Josi ou encore Ryan O’Reilly, sans heurter des équilibres fragiles.

L’ancien capitaine du Lightning s’est retrouvé à jouer le rôle de second violon, mal à l’aise dans un environnement où il n’était ni le leader naturel ni la vedette offensive numéro un.

 Jonathan Marchessault, lui, s’est senti isolé, sollicité mais rarement épaulé (21 maigres buts et 35 maigres passes pour 56 points en 78 matchs, différentiel de -29)).

 L"’homme clutch", le héros de Vegas, a vite compris qu’on n’attendait pas de lui qu’il fasse partie d’un collectif, mais plutôt qu’il sauve un navire en perdition... seul.

Selon Nick Kypreos (Sportsnet), les Predators ne veulent pas revivre le même désastre. L’organisation songerait à couper ses pertes rapidement. Marchessault, avec ses 5,5 M$ par saison jusqu’en 2028, est le joueur le plus susceptible d’être échangé cette saison.

. L’objectif est clair : libérer de la masse salariale, recentrer le groupe autour de ses jeunes, et éviter un deuxième échec humiliant.

L’ironie ? C’est que le nom de Marchessault circule à nouveau dans les discussions à Montréal, un an après que le Canadien ait tenté de le signer. Et cette fois, les conditions sont bien différentes.

Il faut le rappeler : le Canadien de Montréal était la seule équipe canadienne à avoir fait une véritable offre à Jonathan Marchessault en 2024.

Une entente de trois ans avait été mise sur la table par Kent Hughes. C’est Marchessault lui-même qui l’a confirmé récemment. L’offre était réelle. Sincère. Et pourtant, il a dit non.

Pourquoi ? Parce qu’il voulait plus. Plus de sécurité. Un contrat à long terme. Ce que Nashville lui offrait (5 ans, 27,5 M$), Montréal refusait de donner. 

Pas parce qu’on doutait de son talent, mais parce que la direction du Canadien veut protéger son espace salarial pour le noyau de jeunes. Trois ans, c’était la limite.

Aujourd’hui, les rôles sont inversés. Marchessault est coincé dans une équipe qui ne veut plus de lui. Et Montréal est dans une position de force.

Le joueur veut venir. Seravalli affirme que Marchessault “souhaiterait un retour au bercail”.Mais la direction du CH n’a aucune raison de se précipiter.

Le gros problème, c’est ce fameux contrat. À 34 ans, Marchessault gagne 5,5 M$ par saison jusqu’à 38 ans. Pour un club comme Montréal, qui vise l’explosion salariale de ses jeunes d’ici deux ans, c’est un casse-tête. 

Le pari de Hughes est simple : ne pas hypothéquer demain pour améliorer un aujourd’hui qui ne mène pas à la Coupe. 

Car soyons honnêtes : même avec Marchessault, Montréal ne devient pas aspirant. Il devient peut-être une équipe qui peut aller loin en séries, mais pas une équipe championne. Et Hughes veut construire une dynastie, pas simplement un buzz.

Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Car Steven Stamkos lui aussi est dans la mire des rumeurs. Peu flamboyant comme Marchessault l’an dernier (27 buts, 53 points en 82 matchs), mais encore capable d’offrir 25 à 30 buts, Stamkos est un nom prestigieux… mais difficile à bouger.

Son contrat (3 ans, 16 M$ restants) est plus court, mais son âge (35 ans) et son historique de blessures font peur.

Et surtout, Stamkos ne veut pas partir n’importe où. Il aurait des clauses restrictives.

Plusieurs rumeurs avancent qu’il refuserait toute destination canadienne sauf Toronto ou… Montréal. Stamkos rêverait de retrouver son ancien mentor, Martin St-Louis.

Pourquoi Montréal demeure en retrait?

Pourquoi le CH, qui a manifesté de l’intérêt l’an dernier, ne saute pas maintenant sur l’occasion ?

Parce que le Canadien ne veut pas payer pour réparer les erreurs des autres. Hughes sait que Nashville est désespéré. Il attend que le prix chute. Il sait que Marchessault veut venir. Il sait que Stamkos n’a plus de place dans cette équipe. Alors il attend... que Nashville retienne du salaire...

Et surtout, il priorise le développement de ses jeunes, le maintien d’une culture de vestiaire en pleine éclosion. Un ajout comme Marchessault ou Stamkos, c’est aussi une intrusion. Une voix forte. Un changement de dynamique. Il faut que ça vaille la peine.

Toronto pourrait faire de la place pour un ailier vétéran durant la saison.  

Montréal est vien placé après l'échange du contrat de Carey Price, mais seulement si le prix devient ridicule.

Mais pour l’instant, rien n’indique que le Canadien soit prêt à céder des éléments majeurs pour un coup de marketing ou une émotion nationale.

Alors que Nashville tente de réparer un été 2024 désastreux, Marchessault et Stamkos vivent peut-être leur dernier chapitre avec les Predators.

Le rêve s’est terni. Le pari audacieux a échoué. Et Montréal, qui avait été rejeté une première fois, se retrouve désormais en position de choisir. Pas de supplier.

Le retour à Montréal est-il inévitable ? Peut-être. Mais cette fois, ce sera aux conditions du CH.