Il fallait bien que ça arrive un jour. Depuis son entrée fracassante dans la LNH, Kirill Kaprizov joue avec un feu que personne n’a encore réussi à éteindre.
Un ailier qui produit comme un centre élite, un joueur qui te fait gagner à lui seul des matchs en février quand tout le monde dort, un showman qui sort ses mains en or même après une blessure au bas du corps.
Mais aujourd’hui, le tremblement vient d’ailleurs.
Le Wild du Minnesota, une organisation coincée depuis des années dans la médiocrité, s’apprête à lui offrir ce qui pourrait devenir le contrat le plus riche de l’histoire de la Ligue nationale.
Oui, tu as bien lu. Craig Leipold, le proprio du club, s’est avancé dans The Athletic cette semaine, déclarant qu’ils « n’étaient pas loin » d’une entente.
Traduction libre : préparez-vous, parce que Kaprizov est sur le point de redessiner la carte salariale de toute la ligue.
On parle ici d’un chiffre qui fait exploser le plafond mental de la LNH. Pas douze millions. Pas treize. Non. Seize millions par année.
Pour huit saisons. Un contrat qui atteindrait les 120 millions au total.
Une folie pour un joueur qui n’a même pas encore mené son équipe à une seule ronde victorieuse en séries éliminatoires.
Mais voilà, c’est ça la magie et le paradoxe Kaprizov. Le Wild n’a pas le choix. Ils ont libéré la masse en se débarrassant des boulets Parise et Suter, ils ont fait le ménage, ils ont ouvert la voie.
Maintenant, ils sont prêts à vider le coffre-fort pour garder celui qui, à lui seul, leur garantit encore un minimum de crédibilité.
Et c’est là que le drame commence.
Parce qu’à travers cette négociation, Kaprizov ne s’adresse pas qu’au Wild.
Il s’adresse directement à Connor McDavid.
Depuis son arrivée, le Russe s’est toujours vu comme l’autre numéro 97. Celui qui pouvait exister dans la même phrase, dans le même souffle.
Il a même eu l’arrogance de prendre le même numéro, comme pour dire : moi aussi, je suis de cette trempe.
Et maintenant, il veut pousser l’arrogance plus loin : avoir le même salaire. Envoyer le message qu’il est du même calibre, au moins sur papier.
Pas besoin d’une Coupe, pas besoin de deux trophées Hart, pas besoin de briser la banque des statistiques. Juste un crayon et un contrat de 120 millions.
Un chiffre qui claque plus fort qu’un slapshot en prolongation.
Le problème, c’est qu’il y a un gouffre entre les deux joueurs.
McDavid, à 28 ans, est déjà une légende vivante.
Trois fois champion marqueur, deux fois 150 points, une vitesse jamais vue, une domination que même Crosby et Ovechkin n’ont pas réussie à égaler à leur sommet.
Kaprizov ? Excellent, électrisant, spectaculaire… mais pas au même niveau.
Ses moyennes sont impressionnantes, oui, 47 buts en 2021–22, une constance autour de 100 points par saison quand il est en santé.
Mais il a aussi manqué des dizaines de matchs à cause de blessures.
Il n’a pas de run en séries éliminatoires à offrir comme référence.
Il n’a pas le CV qui justifie ce saut salarial.
Et pourtant, le Wild va plier.
Parce qu’ils n’ont pas d’autre choix. Parce qu’il est le visage de la franchise. Parce que sans lui, ce club retourne dans le néant.
Ce qui est fascinant, c’est l’impact domino.
Parce que si Kaprizov décroche ce contrat de 16 millions, qu’est-ce qui empêche Jack Eichel d’exiger 18 la prochaine fois ?
Qu’est-ce qui empêche McDavid de monter à 20 ?
Chaque superstar va regarder cette transaction et se dire : si un ailier sans Coupe Stanley peut obtenir ça, alors moi, je mérite encore plus.
C’est le genre de contrat qui déclenche un tsunami à travers toute la ligue. Le genre de contrat qui met chaque DG au pied du mur.
Et c’est là que Montréal entre subtilement dans le portrait. à
Pas parce que Hughes est en ligne directe pour aller chercher Kaprizov demain matin.
Non. Mais parce que les fans voient déjà les parallèles.
Ivan Demidov, le joyau russe, vient d’arriver. On rêve d’un avenir où Montréal devient le club des Russes flamboyants, celui qui fait vibrer le Centre Bell avec des mains de soie et des buts spectaculaires.
On se prend à fantasmer : imagine un duo Demidov-Kaprizov. Imagine l’électricité. Imagine l’effet marketing. Mais en coulisses, Hughes est pragmatique.
Il sait très bien que signer un joueur de ce calibre au montant Kaprizov, c’est risquer de plomber la flexibilité de l’équipe pour une décennie.
Et pour une organisation qui sort tout juste de la reconstruction, ce serait suicidaire. C’est là toute l’ironie : Kaprizov est un rêve de fan, mais une bombe pour un DG.
Le plus ironique dans tout ça, c’est que Kaprizov n’a encore rien gagné.
Le Wild n’a pas passé un tour de séries depuis des années.
Le club vit dans une boucle d’échec. Et voilà qu’ils s’apprêtent à payer comme si le gars avait traîné l’équipe jusqu’à la Coupe. Les partisans savent que ça n’a pas de sens. Mais ils savent aussi qu’ils ne peuvent pas le perdre.
C’est ça, le piège. Un joueur qui tient une franchise en otage, non pas par ses titres, mais par son importance vitale à leur survie.
Et il le sait. Il joue avec ça. C’est ce qui le rend dangereux. C’est ce qui rend ce dossier explosif.
Alors, oui, aujourd’hui, c’est un tremblement au Minnesota. Mais c’est aussi un signal à toute la LNH. Kaprizov est en train de passer un message à McDavid, aux autres superstars, aux DG, et même aux fans de Montréal.
Le message est simple : il n’y a plus de limites. Plus de plafond mental. Plus de barrière entre un centre légendaire et un ailier électrisant. Il exige d’être payé comme le meilleur, même s’il ne l’est pas. Et le pire ? Il va probablement l’obtenir.
Dans les prochains mois, on saura si Guerin et Leipold plient complètement.
On saura si Kaprizov accepte ce deal monumental. Mais une chose est sûre : que ce soit à Saint-Paul, à Moscou, ou dans les rêves fous des partisans du CH, son nom est désormais lié à une nouvelle ère salariale.
Et dans une ligue où chaque million compte, chaque coup de patin, chaque absence, chaque blessure, le moindre dollar de trop devient une bombe à retardement.
Kirill Kaprizov est peut-être en train de jouer la plus grande partie de poker de sa carrière. Et il le fait avec le sourire, avec l’arrogance assumée de celui qui porte le même numéro que McDavid.
Un numéro qui, depuis toujours, crie : moi aussi, je suis de cette caste. Le problème, c’est qu’entre McDavid et lui, il y a encore un monde.
Mais peu importe. Le message est déjà envoyé.
Et c’est toute la ligue qui tremble.
Ouch...