Tristesse pour Mario Lemieux: une énorme perte

Tristesse pour Mario Lemieux: une énorme perte

Par David Garel le 2025-08-21

Depuis des mois, les rumeurs circulaient : Mario Lemieux, l’homme qui a sauvé les Penguins en 1999 et les a menés au sommet de la LNH sur la glace comme dans les bureaux, voulait reprendre son trône.

Avec son partenaire de toujours, Ron Burkle, Lemieux a tenté de convaincre le Fenway Sports Group (FSG) de lui revendre les Penguins, équipe qu’il avait cédée en 2021 pour environ 900 millions de dollars.

Mais Fenway a immédiatement placé la barre beaucoup plus haut : 1,75 à 1,8 milliard. Une évaluation justifiée par la vente récente du Lightning de Tampa Bay à ce prix et par la perspective d’une expansion lucrative (Houston, Atlanta), qui rapporterait à chaque club plus de 125 millions US en dividendes.

Lemieux, fidèle à sa réputation de « businessman shark », a tenté un coup de poker. Il a offert bien en dessous du prix demandé, espérant répéter le même scénario qu’en 1999, quand il avait racheté une équipe en faillite pour une bouchée de pain.

Mais Fenway n’est pas au bord de la faillite. Fenway est assis sur une mine d’or. Et Fenway a dit non.

C’est la fin d’un rêve pour Lemieux. Une humiliation même, car il espérait reprendre le club de son cœur à prix réduit. Mais c’est surtout une énorme bonne nouvelle pour Montréal.

Pour comprendre l’ampleur de l’échec, il faut se rappeler qui est Maiio Lemieux sur le plan financier.

En 1999, les Penguins sont en faillite. Lemieux attend encore 32,5 millions US en paiements différés. Plutôt que de se battre en cour, il propose un deal inédit : transformer 20 millions de cette dette en actions, encaisser seulement 5 millions et effacer le reste.

Résultat : il devient propriétaire d’une équipe moribonde… qui, sous son règne, gagne trois Coupes Stanley avec Crosby, Malkin et Letang.

En 2021, il revend à Fenway pour près de 900 millions, empochant selon plusieurs sources 350 millions pour lui seul.

Ce parcours avait fait de lui une légende non seulement du hockey, mais aussi des affaires. Lemieux n’était pas seulement un sauveur sportif : il avait transformé une dette en empire.

Alors quand il a tenté de « lowballer » Fenway cet été, tout le monde a compris. C’était son style : flairer les opportunités, payer moins cher que la valeur réelle, puis encaisser des profits. Mais cette fois, le requin s’est cogné à plus gros que lui.

Le nom est moins glamour que « Mario Lemieux ». Mais l’argent parle. Et dans ce dossier, c’est la Hoffmann Family of Companies qui a pris le dessus.

Basée en Floride, cette famille contrôle 200 entreprises dans 30 pays, avec plus de 17 000 employés. Agriculture, aviation, finances, immobilier, médias, hôtellerie : les Hoffmann sont partout. Leur "big boss", David Hoffmann, vaut environ 2 milliards US selon Forbes.

Derrière ce nom qui paraît discret se cache en réalité un véritable empire.

C’est une famille d’investisseurs qui rachète des entreprises déjà établies, les restructure, et les rend plus rentables. Leur approche est simple : ne pas miser sur des « start-ups » fragiles, mais acheter des sociétés solides pour les pousser au maximum de leur potentiel.

Et dans le hockey, ils ne sont pas novices. En 2019, ils ont acheté les Florida Everblades (ECHL) et leur aréna, transformant la concession en machine à gagner : trois Kelly Cup consécutives (2022, 2023, 2024).

Résultat : des salles pleines, une crédibilité sportive, et une réputation de gestionnaires efficaces.

Contrairement à Lemieux, les Hoffmann n’ont aucun attachement émotif à Crosby. Pour eux, les Penguins sont un actif. Un placement. Une marque à rentabiliser. Et s’il faut vendre Crosby pour amorcer une reconstruction et séduire les fans avec un nouveau cycle, ils n’hésiteront pas.

Pourquoi Fenway a-t-il refusé Lemieux? Parce que la valeur des Penguins explose.

Ils ont déjà investi 30 millions dans l’aréna.

Ils possèdent 90 % de SportsNet Pittsburgh, la chaîne qui diffuse les matchs.

L’expansion à venir rapportera un chèque massif.

Et malgré les mauvaises saisons, les Penguins restent une marque forte, liée à des légendes comme Lemieux, Jagr et Crosby.

Vendre à rabais? Impossible. Fenway veut 1,8 milliard. Et la Hoffmann Family est prête à payer.

Et c’est là que tout change.

Si Mario Lemieux avait repris l’équipe, la carrière de Crosby à Pittsburgh était garantie. Lemieux aurait gardé son protégé jusqu’à la fin. Par loyauté. Par émotion. Par attachement.

Voilà pourquoi la tristesse l'envahit en ce moment quand il réalise qu'il n'a tout simplement pas le "cash" pour racheter les Penguins.

Mario va perdre ses enfants... son enfant...

Avec les Hoffmann, ce lien père-fils n’existe pas. Pour eux, Crosby n’est pas « l’enfant chéri ». Il est un joueur vieillissant de 38 ans qui coûtera encore 8,7 millions par saison.

Alors oui, il peut rester… mais s’il refuse une reconstruction, s’il demande un échange, les Hoffmann écouteront. Et Kent Hughes le sait.

L’opportunité pour Montréal

C’est ce qui rend l’échec de Lemieux si crucial : il rouvre une porte pour le Canadien.

Kent Hughes refuse de donner son choix 2026 (loterie Gavin McKenna).

Il ne veut pas sacrifier Michael Hage ni David Reinbacher.

Mais il est prêt à inclure des noms comme Joshua Roy, Owen Beck, d'autres choix, etc.

Si Crosby décide de jouer pour le Canadien de Montréal, sa valeur pour une transaction va chuter. On dit que les Penguins aiment beaucoup le profil d'Adam Engstrom. 

Mais selon ce qui circule à Montréal, le Suédois serait intouchable.

Crosby décidera lui-même de sa destination et sa valeur sera en chute libre sur le marché des transactions.

Crosby garde trois villes en tête : Montréal, Colorado, Los Angeles.

C’est un affrontement fascinant.

Lemieux voulait protéger Crosby.

Les Hoffmann veulent protéger leur investissement.

Pour Lemieux, Crosby est sa propre famille. 

Pour les Hoffmann, Crosby est un actif à maximiser.

Et cette différence ouvre la voie dans laquelle Kent Hughes peut écrire l'histoire.

C’est cruel à dire. Lemieux est un Québécois. Un héros. Un modèle.

Mais son retour aurait fermé le dossier Crosby à Montréal pour de bon.

En échouant, il offre au contraire une fenêtre historique au CH.

Si Pittsburgh s’écroule encore cette saison…

Si Dubas continue d’accumuler les erreurs qu'il ne peut réparer (Karlsson invendable, Letang fini, Jarry surpayé)…

Alors Crosby pourrait enfin dire : trop, c’est trop.

Et ce jour-là, Kent Hughes sera prêt.

Mario Lemieux est officiellement out. La Hoffmann Family est officiellement in.

Et l’avenir des Penguins entre dans une zone d’incertitude totale.

Ce qui est certain, c’est que Sidney Crosby ne sera plus protégé par l’ombre bienveillante de Lemieux.

Et ça change tout.

Il reste à voir si Hughes osera.

Car l'échec de Lemieux est déjà la première victoire du Canadien de Montréal dans ce dossier.

Et si, après les Jeux olympiques de 2026, le téléphone sonne et que Crosby choisit Montréal?

Alors on parlera du plus grand coup de l’histoire moderne du CH.