Avenir de TVA Sports: Pierre-Yves McSween le cauchemar de Pierre-Karl Péladeau

Avenir de TVA Sports: Pierre-Yves McSween le cauchemar de Pierre-Karl Péladeau

Par David Garel le 2025-11-18

C’est une semaine qui restera marquée comme l’une des plus tendues de l’histoire récente des médias québécois. D’un côté, Québecor a d’annoncé 87 nouvelles abolitions de postes, portant le total à près de 1000 employés mis à pied depuis 2023.

De l’autre, Pierre-Yves McSween, sur les ondes de Radio-Canada, a proclamé la mort de la télévision dans un élan de réalisme qui fait peur.

Et pendant que ce même McSween fait le prophète du déclin, Pierre Karl Péladeau tente de sauver ce qui peut encore l’être, entre une télé linéaire « qui tient avec de la broche » et une stratégie de streaming qui pourrait redessiner le paysage sportif québécois.

Au milieu de ce chaos médiatique, une réplique sèche et précise d’un proche de Québecor, Guy Fournier, est venue remettre McSween en place, dénonçant ses analyses et ses exagérations, rappelant que la télévision linéaire représente encore 79 % du temps d’écoute au Québec.

Mais derrière ce débat public, un fait demeure : la télé traditionnelle ne survit plus, et le streaming ne rapporte pas encore. C’est un no man’s land financier dont personne ne maîtrise l’issue.

Partout au Québec, des employés ont appris qu’ils perdaient leur poste. Caméramans, techniciens, équipes de production : des centaines de travailleurs, parfois en poste depuis 20 ou 25 ans, sont envoyés dans le vide pendant que l’industrie se détériore à une vitesse que même Québecor n’arrive plus à masquer.

Dans plusieurs stations régionales, deux caméramans sur trois disparaissent d’un seul coup. Les journalistes doivent désormais filmer eux-mêmes leurs reportages. Ce n’est pas une évolution technologique : c’est une descente aux enfers.

Et pendant ce temps, Pierre Karl Péladeau, en entrevue à La Presse, lâche une phrase qui fera longtemps tiquer ses propres équipes :

« Pour l’instant, ça tient avec de la broche. »

C’est peut-être la première fois que le patron de Québecor reconnaît publiquement que l’écosystème télévisuel dans lequel il a investi toute sa carrière est devenu instable au point d’être ingérable.

Dans son bureau de la rue Saint-Jacques, Péladeau parle sans filtre. Il s’en prend à Ottawa, au CRTC, à CBC/Radio-Canada et au gouvernement Legault. Il dénonce les lourdeurs administratives, l’absence de soutien, les décisions fiscales incohérentes. Il déplore un système décalé de vingt ans, incapable de protéger la télé privée québécoise.

Et pendant qu’il critique, il doit aussi faire face aux questions qui fâchent :

Est-ce que TVA deviendra un streamer?

Est-ce que TVA Sports doit quitter la télé pour se poser entièrement sur le web?

Est-ce que Club Illico+ deviendra un concurrent de Crave?

À toutes ces questions, PKP répond la même chose :

« On verra. »

Cette hésitation publique, dans un moment aussi critique, dit tout.

Québecor n’a plus le luxe d’un plan à long terme.

La maison brûle, et on improvise l’évacuation en même temps.

Dans le monde sportif, la tempête  est déjà commencée.

On sait déjà que :

45 matchs du Canadien seront sur RDS.

Probablement 15 sur Crave.

Et il reste 24 matchs nationaux francophones à attribuer.

Si TVA Sports les obtient (ou en obtient une partie), PKP n’aura plus le choix :

Québecor lancera des matchs du CH sur Club Illico+.

Ce n’est plus une rumeur : c’est discuté à l’interne.

Maxime Truman l’a confirmé : Québecor n’acceptera jamais de laisser Bell occuper seul l’univers du streaming sportif francophone. Si Crave devient une plateforme de hockey, Club Illico+ répliquera immédiatement.

On s’oriente donc vers un scénario absurde.

Pour regarder les 84 matchs du Canadien en 2026, le partisan québécois devra s’abonner à RDS, TVA Sports, Crave et Club Illico+.

Quatre plateformes pour une seule équipe.

C’est ça, l’avenir?

Un éclatement total où les fournisseurs se battent à coups de murs payants, et où le consommateur est le seul perdant?

Pendant ce temps, McSween annonce la mort de la télé comme on annoncerait la météo. À ses yeux, la télé a cinq ans devant elle. Ou dix. Peut-être quinze.

Le comptable le plus connu du Québec ne parle jamais pour rien dire. Tout ce qu'il dit est basé sur des mathématiques que les patrons de télé refusent obstinément de regarder en face.

La publicité fuit. Les jeunes décrochent. Le câble disparaît. Les coûts explosent. Et chaque vague de licenciements vient confirmer ce que personne au sommet n’ose admettre publiquement : le navire coule et on ne fait que déplacer les chaises sur le pont.

Voilà pourquoi Guy Fournier a sauté une coche.

Parce que, du côté des vieux routiers de la télé, entendre quelqu’un annoncer sa mort avec autant d’assurance, ça déclenche des réflexes de survie. Fournier, piqué au vif, est allé droit au but dans sa chronique :

« Excité par sa popularité, Pierre-Yves McSween commente maintenant tout ce qui bouge. Pour paraphraser un de ses livres, qui eut beaucoup de succès, peut-être devrait-il se demander si nous avons vraiment besoin d’autant de ses commentaires ! »

Un coup de pelle en pleine figure, lancé parce que McSween ose dire ce que l’industrie ne veut pas entendre. Fournier pète sa coche parce qu’il voit dans le discours de McSween non pas une analyse, mais une menace : la fin annoncée d’un modèle qu’il a contribué à bâtir, un modèle que la réalité, et non McSween, est en train de détruire.

Péladeau l’a dit lui-même :

« La télé traditionnelle s’amenuise chaque année. »

Mais alors, pourquoi se battre pour les droits de 24 matchs nationaux francophones qui coûteront une fortune?

Pourquoi s’entêter à maintenir TVA Sports vivante si elle siphonne tout le groupe?

Pourquoi se tourner vers le streaming tout en coupant 87 employés qui sont justement ceux qui produisent les contenus?

En ce moment, Québecor avance sur trois fronts simultanément :

- sauver la télé traditionnelle ;

- construire son futur streamer ;

- décrocher des droits sportifs explosifs.

Mais on ne peut pas courir dans trois directions différentes avec une maison qui « tient avec de la broche ».

Péladeau s'en va droit dans le mur. McSween a raison sur toute la ligne.