Un géant sans identité : Martin Lapointe envoie un espoir sous l’autobus

Un géant sans identité : Martin Lapointe envoie un espoir sous l’autobus

Par André Soueidan le 2025-07-05

Le Canadien de Montréal vient peut-être de repêcher un tank… Mais un tank sans GPS.

Hayden Paupanekis. 6 pieds 5 pouces de muscles en construction, une mâchoire de gladiateur et un profil d’attaquant qui fait saliver tous les scouts en manque de power forwards.

Mais une fois les lumières éteintes… on repêche quoi exactement?

C’est Martin Lapointe lui-même qui a jeté le doute. Dès qu’il a ouvert la bouche, on a compris que Paupanekis était moins un joueur qu’un chantier.

« Il faut qu’il soit un power forward avec des habiletés, pas un gars d’habiletés qui veut devenir un power forward. »

Traduction : « Le gars ne sait pas encore qui il est. On va le lui expliquer. De force s’il le faut. »

Une saison divisée, un joueur fragmenté

Paupanekis a connu une drôle d’année. Il a joué pour deux clubs en WHL.

D’abord avec les Rockets de Kelowna, puis avec les Spokane Chiefs.

Deux ambiances. Deux systèmes. Deux versions de lui-même.

À Kelowna : 32 parties, 11 buts, 8 passes.
À Spokane : 39 parties, 11 buts, 13 passes.

Total : 22 buts, 21 passes en 71 parties. Rien d’indécent. Mais rien de transcendant non plus.

On parle d’un gars de 6 pi 5 qui n’a jamais dominé offensivement, même contre des adolescents.

Et l’année précédente?
61 matchs, 10 buts, 10 passes. Disons qu’à 17 ans, on n’a pas crié au miracle.

Le mystère de Kelowna : ils ont sacrifié Andrew Cristall pour lui

C’est là que ça devient fascinant.

Quand les Rockets ont échangé Andrew Cristall, l’un des meilleurs pointeurs de la ligue junior, ils ne voulaient rien de moins que Hayden Paupanekis en retour.

« Sans ce morceau, l’échange ne se serait pas concrétisé », a déclaré un dirigeant des Rockets.

Pourquoi miser autant sur un joueur aussi peu productif?

Parce que les recruteurs voient en lui autre chose. Une base. Une projection.

Mais on n’achète pas un joueur. On achète un potentiel. Et ça peut virer de bord.

Une anomalie sur patins… mais mobile

À 6 pi 5, Paupanekis devrait patiner comme un frigo.

Mais contre toute attente, il bouge. Et même bien.

Les recruteurs soulignent sa fluidité, sa capacité à enchaîner les crossovers, à faire du heel-to-heel skating, à virer court dans les coins.

On parle aussi de bonnes mains, qui se combinent à sa mobilité pour lui permettre de créer en mouvement, d’échapper aux bâtons et de tirer en stride avec une one-timer violente.

Bref : c’est pas un géant maladroit. C’est un gros bonhomme qui sait bouger, et qui pourrait devenir… quelque chose.

Mais quoi?

Un monstre défensif? Ou un quatrième centre amélioré?

Il y a un autre volet qui intrigue : son jeu défensif.

Paupanekis est décrit comme un joueur responsable, capable de neutraliser les meilleurs éléments adverses, de casser des jeux en repli, et de s’imposer physiquement dans les coins.

Il tue les jeux avec son bâton. Il étouffe les relances. Il gagne ses batailles dans le bas de zone.

On parle ici d’un profil qui, dans le meilleur des mondes, devient un centre shut-down de luxe. Un Nick Bonino version géante.

Mais dans le pire des cas?

C’est un joueur de quatrième trio avec un bon gabarit.

Et ça, tu ne bâtis pas ton avenir là-dessus.

Martin Lapointe en mode brut

Lapointe est reconnu pour aimer les gars “raw”. Des joueurs pas encore cuits, pas encore formés, qu’on peut modeler dans le moule CH.

Mais là, il a carrément exposé le manque d’identité du joueur devant tout le monde.

« Il a le package. C’est juste son identité. »

Traduction?

« Il est gros. Il est capable. Mais il sait pas ce qu’il fout. »

Et si tu crois que Lapointe va lui laisser le temps de le découvrir par lui-même, oublie ça.

Le CH va imposer une identité. L’injecter à la seringue si nécessaire.

Power forward, shutdown guy, bête de coin… mais certainement pas artiste ou joueur de finesse.

Paupanekis, version Hocket30

Dans un monde idéal, Hayden Paupanekis devient le Tage Thompson de Montréal.

Un gars long, explosif, dominateur, qui émerge tard et qui fait taire tout le monde.

Mais pour chaque Tage Thompson, il y a 10 joueurs trop lents, trop mous, trop perdus dans leur transformation.

Et Paupanekis, à ce jour, n’a jamais montré qu’il pouvait dominer offensivement.

On l’a repêché au 69e rang. On a misé sur son corps, sa posture, sa présence.

Mais le CH n’a pas repêché un joueur. Il a repêché une idée.

Et les idées, ça ne patine pas. Pas encore.

Lapointe n’a pas protégé son espoir. Il n’a pas dit “on croit en son talent”. Il a dit : “Il faut qu’il devienne ce que nous voulons qu’il devienne.”

Un géant sans identité.

Une expérience en direct.

Un pari dans un monde où les paris se font de plus en plus rares.

Misère.