Le 21 juin 2025 restera gravé dans les annales de la politique municipale comme le jour où Paul Arcand, dans un ultime acte de franc-parler, a publiquement achevé la carrière politique de Valérie Plante.
Ce qui devait être une journée d’émotions pour saluer la fin d’une carrière radiophonique exceptionnelle s’est transformé en un procès public à l’administration de la mairesse de Montréal.
Arcand, par une simple remarque cinglante, a planté le dernier clou dans le cercueil politique d’une femme qui, quelques mois plus tôt, envisagé encore sereinement de briguer un troisième mandat.
À l’origine de ce coup de grâce : la fermeture controversée des terrasses de plusieurs restaurants pendant le Grand Prix de Formule 1.
En pleine fête internationale, alors que la ville aurait dû briller de tous ses feux, Montréal s’est retrouvée sous le feu des critiques pour des mesures que beaucoup ont qualifiées d’absurdes.
Et c’est sur ce sujet qu’Arcand, avec toute la précision d’un chirurgien, a porté son attaque :
« Je voudrais demander au service des incendies de Montréal de nous laisser terminer l’émission. On respecte les règles de capacité, on n’a aucun chapiteau, alors s’il vous plaît, tout est sous contrôle et tout se passe dans les règles. »
Une phrase chargée d’ironie qui faisait écho à la gestion chaotique de l’événement par l’administration municipale.
Cette intervention, loin d’être anodine, a eu l’effet d’une bombe. En quelques secondes, Paul Arcand a résumé le ras-le-bol d’une grande partie de la population face à une mairesse jugée déconnectée des réalités de la ville.
Les réseaux sociaux se sont enflammés, amplifiant l’onde de choc. Cette humiliation publique est venue cristalliser un malaise plus profond : celui d’une gestion municipale qui accumulait les erreurs depuis des années.
Valérie Plante, qui avait bénéficié d’un large appui populaire lors de son élection en 2017, se disait une figure emblématique du renouveau politique à Montréal.
Toutefois, au fil des ans, son mandat avait été entaché par des décisions controversées : multiplication des pistes cyclables mal planifiées, embouteillages chroniques, gestion approximative des crises et, surtout, un sentiment grandissant que les intérêts des commerçants et des citoyens étaient relégués au second plan.
L’affaire des terrasses a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Cette confrontation mémorable entre Paul Arcand et Valérie Plante n’était toutefois pas un événement isolé. En effet, ce n’était pas la première fois que l’animateur légendaire avait mis la mairesse dans une position délicate.
Depuis le début de son mandat en 2017, Arcand avait souvent pointé du doigt les incohérences et les échecs de l’administration Plante, ne passant jamais par quatre chemins avec ses mots lorsqu’il s’agissait de défendre les intérêts des Montréalais.
L’un des épisodes marquants remonte à 2020, en pleine crise sanitaire. Alors que la Ville peinait à gérer les impacts économiques de la pandémie sur les commerçants, Arcand avait critiqué ouvertement les mesures prises par l’administration municipale, notamment la fermeture d’importants axes routiers pour favoriser les pistes cyclables.
« Vous demandez aux commerçants de survivre, mais vous leur coupez l’accès à leurs clients », avait-il lancé à l’antenne, résumant le sentiment de frustration partagé par de nombreux entrepreneurs montréalais.
En 2023, une autre confrontation entre Arcand et Plante avait fait les manchettes. Cette fois, le sujet portait sur l’explosion des coûts liés à la gestion des déchets et au recyclage dans la métropole.
L’animateur avait confronté la mairesse sur son incapacité à offrir des solutions concrètes, allant jusqu’à lui reprocher d’être plus préoccupée par son image que par la résolution des problèmes.
Ce moment, immortalisé dans des extraits largement partagés sur les réseaux sociaux, avait déjà fragilisé la crédibilité de Plante auprès d’une partie de l’électorat.
Mais le 21 juin 2025 a marqué le point culminant de ce conflit.
Si les précédentes confrontations avaient révélé des tensions, cette dernière a agi comme un électrochoc, amplifiant le ras-le-bol général des Montréalais envers leur mairesse.
Pour beaucoup, Arcand était devenu la voix de la raison, l’interprète d’un mécontentement populaire qui avait longtemps été ignoré.
Avec le recul, il est évident que cette relation tendue entre Paul Arcand et Valérie Plante a contribué à façonner la perception publique de cette dernière.
Alors qu’elle espérait incarner le renouveau et l’audace, son incapacité à répondre aux critiques d’un journaliste réputé omme Arcand a graduellement brisé l’image de leader forte qu’elle cherchait à projeter.
En quittant la radio ce jour-là, Arcand n’a pas seulement tourné la page sur une carrière exceptionnelle. Il a également scellé le sort d’une administration qu’il jugeait incapable de relever les défis d’une ville en pleine mutation.
Pour Valérie Plante, cet affront final est devenu le symbole de son mandat : un mélange de grandes aspirations et de désillusions amères, exposées au grand jour par une voix que rien ne semblait pouvoir réduire au silence.
Dans la foulée de l’émission, Marc De Foy, journaliste sportif bien connu pour ses critiques acérbes, a enfoncé le clou avec un article dévastateur.
Il a qualifié Montréal de « ville à l’agonie », comparant son déclin à celui de New York dans les années 1970, une époque où la criminalité et le chaos dominaient.
Pour De Foy, les erreurs de Valérie Plante ne sont pas des cas isolés, mais bien le symptôme d’une vision étriquée et mal adaptée à une métropole moderne.
L’article ne s’est pas arrêté à la gestion des terrasses. De Foy a élargi son analyse, critiquant la stratégie globale de l’administration Plante.
Il a rappelé que la ville, autrefois fière et dynamique, semblait aujourd’hui piégée dans une spirale de déclin. Les commerçants, notamment sur des artères comme la rue Saint-Denis, tiraient la sonnette d’alarme depuis des mois, victimes de décisions qui avaient transformé leurs quartiers en déserts commerciaux.
« Il est où, le gros bon sens? », a-t-il écrit, un cri du cœur qui résonnait avec celui de nombreux Montréalais.
Avant cette journée fatidique, Valérie Plante prévoyait encore de se présenter pour un troisième mandat en 2025. Malgré les critiques, elle conservait une base fidèle qui voyait en elle une championne de la transition écologique et de l’urbanisme moderne.
Cependant, l’épisode Arcand a ébranlé ses soutiens, exposant au grand jour un ras-le-bol généralisé.
La médiatisation de l’épisode, combinée à l’article de Marc De Foy, a entraîné une avalanche de critiques qui a rendu toute campagne électorale intenable.
Les sondages se sont effondrés en quelques semaines, forçant Valérie Plante à annoncer, à contrecœur, qu’elle ne briguerait pas un nouveau mandat.
Pour beaucoup, cette décision était l’aveu d’un échec retentissant.
Il est ironique que Paul Arcand, qui quittait ce jour-là la radio, soit devenu le symbole de la fin de l’ère Plante. Loin de se contenter de quitter la scène en douceur, il a choisi de marquer les esprits en portant un coup fatal à une administration qui, selon lui, incarnait tout ce qui ne fonctionnait plus à Montréal.
Sa remarque, à la fois subtile et sans pitié, résume l’essence de ce qu’il représentait : un média libre, sans peur de déranger les puissants.
Pour Valérie Plante, cet épisode restera comme une trahison personnelle. Dans ses cercles proches, on raconte qu’elle ne pardonnera jamais à Arcand d’avoir utilisé sa tribune pour détruire ce qui restait de son image publique.
Mais était-ce vraiment Paul Arcand qui a causé sa chute, ou était-il simplement le messager d’un mal-être plus profond, partagé par une grande partie de la population?
Ce jour-là était supposé être celui de Paul Arcand. Une journée pour célébrer un animateur respecté et ses nombreuses années de service.
Mais, ironiquement, c’est Valérie Plante qui a fini par voler la vedette, bien malgré elle. Ce n’est pas l’applaudissement d’une foule reconnaissante qu’elle a reçu, mais bien l’humiliation publique qui a scellé son destin politique.
En un coup d’éclat, Paul Arcand a réussi ce que des années de critiques n’avaient pas réussi à faire : mettre fin à la carrière de Valérie Plante.
Cette saga restera comme un rappel brutal de la fragilité du pouvoir et de la manière dont une simple phrase, au bon moment, peut changer le cours de l’histoire.