La bagarre est terminé. Martin St-Louis a gagné. Zachary Bolduc a tout perdu.
Il y a des soirs où les débats s’effondrent d’eux-mêmes, où tous les arguments anti-Martin-St-louis qui entourent les choix du coach disparaît dès que les chiffres tombent.
Le dossier Zachary Bolduc en est un parfait exemple. Pendant des semaines, une partie des partisans réclamait qu’on donne une vraie chance au jeune Québécois, qu’on lui ouvre enfin la porte du premier trio, qu’on récompense le talent brut et le flair offensif.
Au fond, le plan de Martin St-Louis était simple : donner à Zachary Bolduc exactement ce que tout le monde réclamait… pour montrer à quel point il n’était pas prêt pour ce rôle.
Ce n’était pas une punition, ni une provocation, mais une démonstration. Une expérience contrôlée, placée là au moment parfait, avec les blessures, la pression et l’urgence, pour exposer ce que St-Louis voyait depuis le début : Bolduc n’a pas encore le profil pour jouer avec Suzuki et Caufield, ni sur un autre trio offensif.
En 40 minutes, les chiffres de Sportlogiq ont confirmé ce que l’œil du coach savait déjà. C’était son argument béton, son « voilà », son point final. Le plan a fonctionné.
Résultat? Une expérience courte. Très courte. Et surtout, un verdict sans appel lorsque Sportlogiq a dévoilé les chiffres : le plan de St-Louis était le bon.
Car si la logique des partisans valorise l’intuition pro-québécoise, celle du hockey professionnel fonctionne différemment.
Elle repose sur la possession, la récupération, les batailles, l’impact dans les zones critiques. Et c’est précisément là où Bolduc a sombré. Dès les deux premières périodes passées aux côtés de Suzuki et Caufield, les indices de possession étaient catastrophiques : ce trio a passé plus de temps dans son territoire qu’en zone ennemie.
À un moment donné, ce n’est plus une question de perception. C’est un constat mathématique. À ce niveau, la confiance, les intentions, l’énergie ou l’impression générale ne comptent plus. Seul le résultat compte. Et la réalité, c’est que Bolduc n’a absolument pas réussi à soutenir le rythme, ni à compléter le duo Suzuki-Caufield.
Il n’aura même pas fallu attendre une analyse poussée pour que Martin St-Louis réagisse. Dès le début de la troisième période, Slafkovsky était de retour avec ses deux partenaires habituels, comme si l’expérience Bolduc n’avait jamais eu lieu.
St-Louis n’a jamais été un coach qui s’entête. Il donne la chance, évalue, ajuste. Et cette fois, l’évaluation était claire comme de l'eau de roche.
Mais pour appuyer la décision, Sportlogiq a sorti les données les plus franches et les plus froides de la saison. Des chiffres qui ne mentent jamais et qui confirmaient exactement ce que St-Louis voyait derrière le banc.
Car si on compare Slafkovsky et Bolduc sur les aspects les plus importants lorsqu’on joue avec Suzuki et Caufield, il n’y a pas de débat.
Slafkovsky récupère plus de rondelles, gagne plus de batailles à un contre un, et décoche davantage de tirs de l’enclave.
Ce sont les trois critères clés pour compléter deux joueurs élites : allonger les présences offensives, gagner les rondelles libres, créer l’espace nécessaire pour que les deux créateurs puissent respirer.
En comparaison, Bolduc n’a qu’un seul avantage : les tirs du bas de l’enclave. Et encore, un avantage « très mince » selon les chiffres.
Ce n’est pas une opinion. Ce n’est pas une critique. C’est un diagnostic.
Et c’est là où l’argument béton de Martin St-Louis apparaît enfin. Pendant des semaines, on l’a accusé de vouloir détruire le jeune Québécois. On lui a reproché de protéger certains joueurs, d’en étouffer d’autres.
On l’a soupçonné de ne pas vouloir donner de vraie chance à Bolduc. Puis le jour où la chance arrive, les chiffres révèlent immédiatement que St-Louis avait raison depuis le début.
Cette situation lui sert aujourd’hui de preuve irréfutable. La fameuse promotion que tout le monde réclamait? Elle n’était pas volée, mais elle s’est transformée en validation parfaite de son plan initial.
Le dossier Demidov ajoute une couche encore plus complexe. Parce que si certains voyaient Bolduc comme une solution à court terme sur le premier trio, d’autres réclamaient depuis longtemps qu’on place Demidov avec Suzuki et Caufield.
Là encore, les chiffres racontent une tout autre histoire. Oui, Demidov est un joueur d’élite en contrôle de rondelle, en création d’occasions et en vision offensive.
Oui, il domine le club pour le temps de possession en zone offensive, les passes complétées, les entrées de zone dangereuses. Mais lui aussi a une faille structurelle : il ne récupère pas assez de rondelles et ne gagne pas assez de batailles à un contre un.
On peut vouloir de la vitesse, de la finesse et de la magie, mais il faut un joueur qui accepte de faire le sale boulot. Et pour l’instant, Demidov excelle dans un rôle différent, celui de « générateur de jeu » sur un trio plus équilibré.
Ce qui est fascinant, c’est que même dans le dossier du powerplay, où l’opinion publique poussait très fort pour Demidov, Sportlogiq a révélé une statistique totalement inattendue : l’attaque massive du CH a été plus dangereuse avec Bolduc sur la première unité qu’avec Demidov.
Pour un temps de jeu similaire, le nombre d’occasions de marquer double littéralement : 26 contre 12. Impossible de contester ça. Ce n’est pas une impression, ce n’est pas un ressenti, ce n’est pas une émotion. C’est un fait.
Un fait concret. Un fait qui explique pourquoi Martin St-Louis a osé sortir Demidov de la première vague, malgré toute la pression médiatique autour de lui.
À ce stade, le débat se renverse complètement. Ce n’est plus « Pourquoi St-Louis ne donne pas plus de chances à Bolduc? ». Ce n’est plus « Pourquoi St-Louis empêche Demidov d’exploser? ». C’est plutôt : « Comment a-t-il pu tenir aussi longtemps devant les chiffres? »
Parce que les données sont sans pitié. Elles découpent le mythe Bolduc en morceaux. Elles expliquent pourquoi Bolduc, même avec du talent, n’a pas les outils pour porter un premier trio en ce moment.
Elles montrent que Slafkovsky reste le meilleur complément pour Suzuki et Caufield. Et elles prouvent que Demidov, aussi brillant soit-il, doit encore développer des aspects défensifs pour mériter 20 minutes par soir à égalité numérique.
Le plan de St-Louis n’a pas juste fonctionné. Il a été validé. Confirmé. Solidifié par les statistiques avancées les plus détaillées disponibles dans la LNH.
Ce n’est pas une victoire de style, ni une victoire politique. C’est une victoire technique et surtout une victoire froide contre les "haters" de Martin St-Louis.
Une victoire que même les plus ardents défenseurs de Bolduc ne peuvent pas contester.
Et au final, c’est peut-être la meilleure nouvelle pour le Canadien :le coach n’entraîne pas à l’aveugle. Il entraîne en fonction du réel.
