Scène honteuse de Kris Letang: Louis Morissette supprime l'entrevue

Scène honteuse de Kris Letang: Louis Morissette supprime l'entrevue

Par David Garel le 2025-12-18

Les excuses de Kristopher Letang n’ont pas calmé la tempête. Elles l’ont aggravée. Parce qu’en voulant réparer, il a surtout démontré qu’il ne comprenait toujours pas ce qu’il avait réellement attaqué au départ.

Quand il affirme à Louis Morissette: « Ça, c’est comme le monde qui parle d’une équipe de hockey et qui dit “on”. Moi, ça, je ne suis pas capable », il s’est attaqué non seulement aux fans du CH, mais surtout à un réflexe culturel profondément enraciné au Québec: celui de se sentir collectivement lié à une équipe qui dépasse largement le cadre de la glace.

Et quand, quelques jours plus tard, il tente de se justifier en disant à Renaud Lavoie : 

«Les gens me connaissent. Ils savent que j'ai un sentiment d'appartenance à Montréal. Le seul et unique amphithéâtre dont je mousse les partisans, c'est à Montréal. Donc mon amour pour la ville de Montréal, pour les partisans de Montréal est immense.»

Letang affirme que « ça n’a aucun lien avec les partisans », qu’il visait plutôt des gens pour qui le hockey représente « l’essentiel de leur métier » qui utilisent le "on" comme s'il faisait partie de l'équipe.

Son explication s’effondre sur elle-même, parce qu’elle est incohérente, floue et surtout déconnectée de la réalité du sport professionnel moderne.

De qui parle-t-il exactement ? Des employés de l’organisation ?

Prenons l’exemple le plus simple, et le plus parlant : Chantal Machabée. Elle fait partie intégrante du Canadien de Montréal. Elle travaille pour l’organisation. Elle est littéralement le visage public du club sur le plan des communications.

Si elle dit « on », c'est qu'elle se trompe et qu'elle ne fait pas partie du CH? Bien sûr que non. Le sport professionnel ne se limite pas aux joueurs sur la glace.

Une équipe est une entité vivante, composée de dirigeants, d’employés, de communicateurs, de relations médias, de partisans, d’histoire et de culture.

En tentant de restreindre artificiellement le droit de dire « on » à un cercle fermé de joueurs actifs, Letang nie tout ce qui fait qu’une franchise existe réellement.

Et c’est précisément pour cette raison que ses excuses sonnent faux. Il affirme : 

«Ça n'a aucun lien avec les partisans parce que je sais grandement qu’à Pittsburgh, c’est probablement une de nos grandes forces, nos fans. Le hockey n'est pas au même niveau que Montréal, mais nos fans sont exceptionnels. C'est ce qui fait notre franchise, un endroit où les joueurs veulent venir jouer. Je voulais clarifier ça, mettre ça derrière moi.»

Puis, il répète la phrase:

« Les gens me connaissent… ils savent que j’ai un sentiment d’appartenance à Montréal ».

Mais un sentiment d’appartenance ne se proclame pas, il se démontre, surtout quand on sait à quel point le Québec l’a soutenu, humainement et émotionnellement, à travers ses graves problèmes de santé et ses opérations au cœur.

Cette solidarité n’était pas symbolique, elle était réelle. Elle venait des partisans. De ceux qui disent « on ».

Aujourd’hui, en essayant de se sortir de l’eau chaude par une clarification qui embrouille encore plus le message, Letang donne l’impression non pas d’avoir été mal compris, mais de refuser d’admettre qu’il a bel et bien attaqué la passion des amateurs.

Et dans un marché comme Montréal, où le hockey est une culture avant d’être un spectacle, ce genre de déconnexion le suivra à vie.

Les mots comptent. Les excuses aussi. Et celles-ci, malheureusement pour lui, n’ont ni la cohérence ni lle courage nécessaires pour refermer la plaie.

Et au final, il reste un geste qui parle plus fort que toutes les explications maladroites et toutes les excuses bidon : la vidéo a été supprimée.

La Poire et le Fromage a choisi de retirer l’extrait, officiellement parce que la vague de colère, de messages haineux et de menaces était devenue incontrôlable.

Personne ne banalise la violence ni les débordements, évidemment. Mais il faut quand même poser la vraie question, celle qu’on évite soigneusement : si les propos de Kristopher Letang avaient réellement été aussi innocents, aussi mal compris qu’on le prétend aujourd’hui, est-ce que Louis Morissette aurait posé un geste aussi radical ? 

On ne supprime pas une vidéo quand tout est clair. On ne supprime pas une vidéo quand le message est solide, assumé et défendable.

On supprime quand on sait que quelque chose a dérapé, quand on comprend que la ligne a été franchie, quand le malaise dépasse la simple polémique passagère.

Retirer cette vidéo, ce n’est pas éteindre la controverse : c’est reconnaître qu’elle était fondée.

Et dans toute cette saga, ce geste-là est peut-être l’aveu le plus éloquent de tous.

Coupable... sur toute la ligne...