Tension à Montréal: rien ne va plus entre Jakub Dobes et Kent Hughes

Tension à Montréal: rien ne va plus entre Jakub Dobes et Kent Hughes

Par Marc-André Dubois le 2025-07-05

L’été 2025 devait être celui de la révélation pour Jakub Dobes. Au lieu de cela, c’est la confusion, la frustration et une impression persistante d’avoir été évincé avant même d’avoir eu sa vraie chance.

Le Canadien de Montréal a officiellement tourné la page sur Cayden Primeau en l’échangeant aux Hurricanes de la Caroline contre un maigre choix de 7e tour en 2026.

Mais plutôt que de confirmer Dobes comme adjoint à Samuel Montembeault, le CH a choisi de signer Kaapo Kahkonen pour 1,15 M$ garantis.

Une décision lourde de symboles, qui soulève de graves questions sur la place de Dobes dans l’organigramme.

D'abord, notons que Dobes n'a pas demandé l'arbitrage salarial. Non pas par oubli ou par stratégie, mais parce qu'il n'y avait aucune chance de gagner.

Avec seulement 16 matchs disputés dans la LNH, le Tchèque aurait été déchiqueté par les avocats du Canadien. Il savait que le club allait utiliser son manque d'expérience pour faire baisser sa valeur.

Mais ce que peu de gens réalisent, c’est que Dobes est dans une position très particulière : il est exempté de ballottage pour une saison encore.

Ce détail change tout. Contrairement à Kahkonen, le Canadien peut envoyer Dobes à Laval sans le perdre pour rien. Un détail que l’état-major pourrait bien exploiter.

C’est justement ce qui inquiète le clan Dobes. À l’interne, on sait que le joueur souhaite un contrat à un volet, qui lui garantirait son salaire complet, qu’il joue à Laval ou à Montréal.

Les réunions internes, notamment celles avec le recruteur des gardiens Vincent Riendeau, ont renforcé le scepticisme.

Plusieurs sources affirment que le personnel d’entraînement trouve encore Dobes trop fragile techniquement. Pour ne pas dire tout croche. Son jeu latéral, son positionnement, et surtout sa manière de gérer les rebonds inquiètent. D’où le recours à une valeur sûre : Kaapo Kähkönen.

Mais ce que cette signature implique, c’est aussi l’échec d’un plan A bien plus audacieux. Marc-André Fleury. Oui, le Canadien a tenté de convaincre "Flower" de repousser sa retraite.

Selon plusieurs sources, incluant des propos récents de son agent Allan Walsh, cinq équipes ont appelé Fleury le 1er juillet. Walsh n’a pas nommé Montréal, mais tous les indices pointent vers le CH. L’équipe cherchait un vétéran pour seconder Montembeault, exactement le profil de Fleury.

C’est donc un affront public pour Dobes. Non seulement le CH a préféré un gardien de 28 ans avec un pourcentage d’arrêts à peine supérieur à .900 dans la ligue américaine depuis deux saisons, mais il a aussi tenté l’impossible pour empêcher Dobes de devenir numéro deux. Une claque au visage.

Ce choix technique et politique rappelle aussi le cas Primeau. Pendant des mois, le Canadien a forcé un ménage à trois pour ne pas perdre Primeau au ballottage.

Mais voilà qu’on recommence le cycle, en préparant peut-être un nouveau ménage à trois si Dobes brûle tout au camp.

Le malaise est évident. Dobes, qu’on voyait comme le successeur naturel de Montembeault, se retrouve coincé, piégé par la logique contractuelle.

Kahkonen devra passer par le ballottage s’il est cédé à Laval. Le CH ne voudra pas risquer de le perdre. Donc, tout indique que Dobes prendra le chemin du Rocket, sauf si Kahkonen s'écrase.

Ce traitement laisse des traces. Selon ce qui circule, le clan Dobes commence à perdre confiance en l’organisation.

Certains membres de son entourage considèrent que l’absence de clarté, la lenteur du processus de négociation, et le flou autour de sa place dans la hiérarchie démontrent que le CH ne croit pas vraiment en lui.

Et dans tout ça, ce qui crève les yeux et qui alimente le ressentiment grandissant dans le clan Dobes, c’est la froideur stratégique du Canadien.

Tout le monde le sait, tout le monde en parle : le vrai gardien d’avenir du CH, c’est Jacob Fowler. Pas besoin de lire entre les lignes.

Kent Hughes, Jeff Gorton, Vincent Riendeau, Martin St-Louis… ils ont tous déjà les yeux rivés sur Fowler. Dobes n’est qu’un pion temporaire dans une partie où la fin est déjà écrite.

Alors pourquoi se forcer à le ménager? Pourquoi lui éviter l’humiliation d’un camp d’entraînement à trois gardiens, s’il n’est là que pour combler les trous jusqu’à ce que Fowler soit prêt?

Et ça, pour un jeune gardien encore exempt du ballottage, c’est une gifle sans pitié, même si elle ne fait pas de bruit.

Et si le CH ne croit pas en lui, pourquoi lui faire croire le contraire depuis deux ans? Pourquoi avoir répété en point de presse qu’il est le gardien du futur?

Pourquoi l’avoir fait jouer en séries la saison dernière, puis l’écarter aujourd’hui au profit d’un vétéran interchangeable?

La réalité est que le CH semble évoluer dans une stratégie de court terme : encadrer Montembeault, minimiser les risques, garder le cap.

Mais cette approche pourrait bien leur coûter un jeune gardien prometteur, frustré, qui ne demande qu’à prendre la place qu’on lui a promise.

Dobes, en 2025, n’est plus un prospect. Il est un gardien en attente, un jeune homme qui, à 24 ans, doit absolument jouer pour progresser.

Mais si le CH le renvoie à Laval pour une autre saison, ce sera sans doute la dernière. Car un ménage à trois est la recette parfaite pour pousser un joueur à envisager ses options ailleurs.

Ce n’est pas un détail anodin : la fenêtre d’opportunité pour développer un gardien est très courte. Si Dobes sent que Montréal ne lui fait pas confiance, il pourrait forcer la main de l’équipe dès la saison prochaine.

C’est une situation brûlante. Le CH a montré ses cartes : Marc-André Fleury était le plan A, Kahkonen est le plan B ou C. Et Dobes? Il n’est, pour l’instant, qu’un pion sans garantie. Mais dans un marché où les gardiens de qualité sont rares, cette gestion pourrait leur revenir en pleine figure.

Jakub Dobes n’a pas dit son dernier mot. Mais pour l’instant, il attend. Et l’organisation, elle, joue un jeu dangereux avec l’un de ses plus grands espoirs devant le filet.

Mise à jour: Finalement, après des semaines de tension en coulisses, Jakub Dobes a apposé sa signature au bas d’un contrat de deux ans, à un volet, d’une valeur annuelle de 965 000 $. Une victoire sur papier, certes, mais le sentiment est mitigé dans le clan du jeune gardien.

Son poste à Montréal n’est toujours pas garanti. Même s’il a obtenu un contrat de la LNH, l’organisation conserve un levier de contrôle majeur : Dobes est toujours exempté du ballottage, ce qui signifie que le Tricolore pourrait l’envoyer à Laval sans risque de le perdre pour rien, contrairement à Kaapo Kahkonen, qui ne peut plus être rétrogradé sans passer par le ballottage.

La direction du CH garde les mains libres, et si Dobes ne livre pas la marchandise dès le camp, il pourrait rapidement se retrouver dans l’autobus du Rocket.

Le message envoyé par Kent Hughes est sans pitié : ce contrat ne te protège pas, il t’engage... à performer pour garder ta place...